Point de vrai ténor, donc, pour prétendre barrer la route du troisième mandat à Bouteflika. Certes, la campagne n'a pas encore commencé, mais aucun des “cinq autres” n'a osé jusqu'ici la moindre critique quant au bilan des deux mandats de leur “principal rival”. Ils étaient six, en 1999, à faire campagne durant trois semaines “contre Bouteflika”, avant de se retirer à la veille du scrutin. En 2004, ils étaient encore six, avec Bouteflika, à animer la campagne de la présidentielle. Ils seront encore six, avec le président-candidat, en 2009. Mais là s'arrête la ressemblance entre les deux élections passées, d'une part, et celle du 9 avril prochain, d'autre part. Il y a dix ans, les Algériens ont eu droit à une vraie campagne, même si celle-ci a fait la part belle au discours réconciliateur par l'entremise des Taleb, Hamrouche, Djaballah, Aït Ahmed et Bouteflika. On s'en souvient, en effet, Youcef Khatib était le seul à produire des thèses et à prôner des positions à contre-courant. Pour autant, les uns et les autres n'ont pas manqué de punch et, comme l'envergure ne leur faisait pas défaut, les salles de meeting étaient pleines à craquer. De fait, les Algériens y avaient cru, du moins jusqu'au retrait concerté des six. Il y a cinq ans, les Benflis, Sadi, Djaballah et Louisa Hanoune, peut-être à un degré moindre, ont pu, par leur aura, leur crédibilité et leur gabarit, emballer la campagne. Chose qui, pourtant, n'était pas aisée dans le contexte d'alors, certains, comme Hamrouche et Aït Ahmed, ayant juré auparavant que les jeux étaient faits. Mais voilà qu'en 2009, aucun des candidats de 1999 n'est de la partie, mis à part le président-candidat, alors que seuls deux parmi les prétendants de 2004, Hanoune et Rebaïne, sont en lice, toujours en compagnie du même président-candidat. Point de vrai ténor, donc, pour prétendre barrer la route du troisième mandat à Bouteflika. Certes, la campagne n'a pas encore commencé, mais aucun des “cinq autres” n'a osé jusqu'ici la moindre critique quant au bilan des deux mandats de leur “principal rival”. C'est un signe, la campagne sera terne et elle ne mobilisera sûrement pas les Algériens qui assistent, mi-médusés mi-indifférents, à la seule course visible pour l'heure : celle, véritablement surpeuplée et intéressée, à laquelle s'adonnent organisations de masse, organisations professionnelles, associations et… clubs sportifs et qui consiste à soutenir, haut et fort et si possible avec grandiloquence et autant d'emphase, le “programme du président” encore non rendu public. S. C.