Même s'ils n'ont pas perdu totalement leur capacité de nuisance, comme l'a montré l'attentat de Tadmaït, les groupes terroristes rencontrent actuellement un grand problème dans leurs effectifs qui ont considérablement diminué, ces derniers temps, alors que les recrutements se font de plus en plus rares, voire inexistants. C'est le cas de la wilaya de Boumerdès, où aucun recrutement n'a été enregistré depuis plus de 5 mois. À comparer avec les années précédentes, où, dans la même région, près de 40 jeunes avaient rejoint le GSPC entre 2004 et 2005, 30 en 2006, 14 en 2007 et 6 en 2008. La même situation est relevée à Tizi Ouzou ou à El-Oued, une wilaya longtemps considérée comme la plaque tournante des recrutements pour le compte du GSPC ; on peut dire que le GSPC vient de perdre encore une fois un atout non négligeable qui est “la mobilisation”. Et le peu de nouveaux terroristes qui ont pris les maquis ces derniers temps n'ont pas les mêmes capacités, aussi bien morales que physiques, que ceux qui ont été tués. Il n'est pas facile de trouver un Bentitraoui, resté 16 ans au maquis, ou un artificier comme Halouane, alias Handhala, à l'origine de la fabrication des bombes de l'attentat kamikaze du 11 décembre. Le GSPC ne dispose pas assez de temps ni de moyens pour former des terroristes aussi nuisibles que ceux composant l'ancienne génération du GSPC dont il ne reste qu'une dizaine disséminée entre les maquis de Jijel, la Kabylie et Aïn Defla. Il n'a plus les moyens nécessaires ni les hommes capables de reconstituer les katibate et sériate anéanties par les forces de sécurité comme katibate El-Feth et Essedik qui activaient aux portes d'Alger. La baisse des effectifs a complètement changé l'organigramme du GSPC qui a été contraint de fusionner plusieurs sériate entre elles et reconvertir de nombreuses autres en katibate. Par ailleurs, il a été constaté une baisse sensible de la longévité des terroristes dans les maquis qui est passée, selon un responsable engagé dans la lutte antiterroriste, de 5 à 3 années. La plupart des terroristes, abattus ces derniers temps comme ceux éliminés dernièrement à Blida et Boumerdès, sont de nouvelles recrues qui ne sont pas rompues aux techniques de guerre comme leurs prédécesseurs, presque tous abattus par les services de sécurité. Cette baisse de recrutement dans les maquis a pour origine la baisse de recrutement au sein même des groupes de soutien considérés comme les gros pourvoyeurs d'effectifs des groupes terroristes. La plupart du temps, des membres de ces réseaux basculent et prennent le maquis. Et s'il y a moins de nouvelles recrues, il y a évidemment moins de réseaux de soutien, expliquait un jour un haut responsable sécuritaire qui précise que, non seulement le GSPC n'a plus de soubassements au sein de la population mais que beaucoup de ces réseaux ont été démantelés. Mais il y a lieu aussi de souligner les effets induits par la décision relative à l'identification des puces téléphoniques. L'on sait que la stratégie des groupes terroristes s'est longtemps reposée sur le téléphone portable, non seulement comme une arme de guerre mais aussi comme un moyen de communication redoutable. L'on se souvient que des terroristes avaient même équipé des enfants en téléphones portables pour avoir des renseignements sur les mouvements des services de sécurité et cela, sans être inquiétés. L'autre élément relevé dans cette incapacité du GSPC de reconstituer ses réseaux de soutien réside dans le fait que les membres de ses réseaux sont balancés avec une facilité déconcertante par des terroristes capturés ou par des repentis. Et quand on connaît les décisions dissuasives rendues par les tribunaux à l'égard des membres de ces réseaux, on comprend mieux ce fléchissement dans le développement de ces derniers. Il y a lieu d'ajouter également le travail d'investigation et d'infiltration opéré ces derniers temps par les services de sécurité, et qui a abouti à s'informer mieux sur les activités de ces réseaux. L'autre élément avancé par les observateurs de la scène sécuritaire est incontestablement la guerre en Irak, une aubaine pour Droukdel qui a énormément puisé dans les effectifs destinés à combattre en Irak pour les détourner ensuite vers les maquis algériens. Ce conflit a été également utilisé par le GSPC, notamment durant les années 2004-2005, pour mettre en place de véritables réseaux de recrutement afin de gonfler les effectifs du GSPC. La baisse de tension en Irak et le recul des activités d'Al-Qaïda dans le monde ont influé sur “le travail de sape” des groupes terroristes qui éprouvent d'énormes difficultés à passer leur message. Et c'est pour combler le déficit des effectifs que le GSPC tend à renouer avec les attentats kamikazes qui nécessitent moins de moyens humains mais qui procurent des dividendes sur le plan médiatique. M. T.