Les groupes du GIA ont, à leur actif, 6 346 attentats à la bombe, fauchant 1.870 vies. Presque autant d'attentats ont été déjoués par les forces de sécurité. «C'est tout ce qu'ils ont pu faire», nous déclare un officier de haut rang, ajoutant que s'ils pouvaient faire mieux, ils l'auraient fait sans état d'âme. Ce même officier, qui a requis l'anonymat, n'a pas caché ses craintes quant à d'autres tentatives à l'approche des législatives. Cependant «Alger ne renouera pas avec des attentats similaires à ceux du milieu des années 90», affirme-t-il. «Quant aux élections, ces groupes sont un moindre mal par rapport à ce qui se déroule en Kabylie, tant la situation y demeure tendue», nous dit-il. La démonstration faite par les groupes du GIA à travers l'attentat à la bombe de la Grande-Poste à Alger, alimente les interrogations sur les capacités de nuisance de ces groupes. Combien d'attentats sont-ils capables de perpétrer d'ici à la tenue du rendez-vous électoral? Les Algérois retiennent leur souffle. Juste après l'attentat, le Dgsn, M.Ali Tounsi, a déclaré que l'auteur a été identifié. Il s'agit certainement de l'un des artificiers auxquels le général-major Fodil Brahim Chérif, chef de la 1re Région militaire, avait fait allusion après la mort du sanguinaire chef du GIA Antar Zouabri. Selon des informations dignes de foi, l'auteur de l'attentat à la bombe est un jeune de 25 ans. Sa mission, au même titre que deux autres terroristes déjà identifiés, est de semer la mort et la panique, et, par là même, marquer la présence du GIA dans la capitale. Les acteurs de la scène sécuritaire sont unanimes à dire que l'explosif utilisé est similaire à celui retrouvé par les forces de sécurité lors de la mise hors état de nuire de Antar Zouabri il y a près de deux mois. Entre 1995 et 2000 les groupes du GIA ont perpétré 6.346 attentats à la bombe, fauchant 1.870 vies et faisant 8.465 blessés. Ces attentats constituaient la vraie force de frappe pour ces groupes, non seulement traqués jusqu'à l'étouffement par les forces de sécurité dans les maquis, mais de plus en plus privés de réseaux de soutien dans les agglomérations. A ce propos, plusieurs coups de filet dans les milieux intégristes ont eu lieu ces derniers temps grâce à un efficace travail de renseignement. Cela a permis, outre la réduction des capacités de nuisance des groupes armés, le démantèlement des réseaux de blanchiment d'argent pour le compte des groupes terroristes. Ces conditions troubles et incertaines caractérisent la scène algérienne durant les quarante jours qui séparent les Algériens du rendez-vous électoral du 30 mai. Il y a la menace terroriste et les jeux politiques des ârchs et les partisans du boycott. Les deux partagent, selon les observateurs, les mêmes caractéristiques. Leur champ d'action est limité dans l'espace. Les ârchs brûlent déjà les urnes, mais ils ne peuvent agir hors de Kabylie. Pour les groupes armés et nonobstant le fait que les menaces terroristes lors de la présidentielle de 1995 n'ont pu empêcher les Algériens d'aller aux urnes. Alors qu'à cette période, ces groupes possédaient un nombre important d'artificiers et de poseurs de bombes ainsi qu'un réseau de soutien couvrant le territoire. A voir les actions antiterroristes qui étouffent depuis quelque temps ces groupes, on s'aperçoit que leur champ d'action est aussi limité que le nombre d'artificiers existants. Toutes ces données expliquent que le prochain rendez-vous devrait comporter une particularité: les autres parties «antiélection» passent aussi à l'action, décidées à empêcher ou du moins perturber les législatives par tous les moyens. La raison est simple: ils ne tirent aucun profit politique de ces élections. Chacun à sa manière, le pas a été franchi. L'un par l'attentat, et l'autre par les menaces de liquidation physique des candidats et des personnalités partisanes. Ces menaces de mort nourries par des cercles occultes, constituent une première dans l'histoire politique algérienne.