Pendant plus d'une année, ces individus n'ont pas cessé de semer la terreur dans cet établissement hôtelier où plusieurs touristes et hommes d'affaires nationaux et étrangers ont vécu des moments de peur. Les puces non identifiées et non recensées au niveau des opérateurs de la téléphonie mobile continuent à circuler librement sur le marché parallèle. Pis, elles continuent à être utilisées pour des fins de nuisance des personnes, mais également à porter atteinte à la sécurité et aux biens publics. Hier, deux individus, parmi les dix appréhendés par la Gendarmerie nationale, ont été inculpés par le procureur de la République près le tribunal de Chéraga (Alger) pour menace de mort, fausse alerte à la bombe et atteinte à la tranquillité des lieux publics et des personnes. L'affaire remonte à plus d'une année, selon Hocine Bella, commandant de la compagnie de la Gendarmerie nationale de Chéraga. Des individus sans scrupule, qui se faisaient passer pour des terroristes alertaient les fonctionnaires de l'hôtel Sheraton Club-des-Pins sur la présence de bombes à l'intérieur du sous-sol du parking de cet hôtel situé sur la côte ouest de la capitale. Les services de sécurité sont intervenus à plusieurs reprises pour s'enquérir de la situation et tenter de détecter ces engins signalés à coups d'appels anonymes. Rien à signaler ! Le 28 février dernier, les gendarmes reçoivent un autre appel effectué à partir d'une puce Nedjma commençant par l'indicatif “0554”. Et c'est ce coup de fil qui fera remonter les enquêteurs à la source du mal. “Nous avons recensé quatre appels anonymes depuis une année. Mais, ce jour-là, nous avons pu identifier l'indicatif et l'opérateur. L'individu qui avait passé la communication téléphonique signalait un engin explosif au parking de l'hôtel. Nous ne pouvons que prendre au sérieux les appels quelle que soit leur nature dès qu'il s'agit de la sécurité publique”, explique le commandant Bella. Suite à quoi, la Gendarmerie nationale a dépêché une équipe scientifique et des artificiers sur-le-champ et, bien évidemment, une équipe de la brigade cynophile chargée de détecter les métaux et les explosifs. Arrivés sur les lieux, les enquêteurs fouillent de fond en comble le parking. Encore rien à signaler ! Les investigations menées par les gendarmes relèvent que le propriétaire de la puce ne détient aucun contrat, ce qui leur complique la tâche. C'est que ce faux terroriste, lors de son arrestation, a indiqué qu'il détenait ce numéro de fil depuis seulement trois mois. Faux ! Le relevé des communications contredit les dires du présumé terroriste. La puce était bel et bien activée depuis plus d'une année, selon les enquêteurs. Ces derniers iront plus loin jusqu'à surveiller les alentours de l'hôtel Sheraton et signaler tout mouvement anormal en temps réel à la compagnie qui supervisait les investigations. Quelques jours après, les gendarmes convoquent 10 personnes. Toutes rôdaient aux environs du Sheraton, mais aucune d'elles n'était liée à cette affaire. Cette opération permettra aux enquêteurs de pister un suspect potentiel, et ce, après avoir récupéré trois autres puces anonymes. C'est alors qu'ils appréhendent, le 14 mars dernier aux environs de 15 heures, le nommé A. M., 24 ans, habitant à Bridja (Staouéli) et commerçant de son état. Fouillé sur-le-champ, A. M. était en possession de la puce “0554”. Le mis en cause, lors de son interrogatoire, révélera d'emblée qu'il était loin de cette affaire et qu'il n'était pas concerné par ces appels. “Je ne suis qu'un exécutant”, dira-t-il en substance aux enquêteurs. Exécutant ? De qui ? Il le fera savoir tout de suite puisqu'il balancera son… beau-frère. Celui-ci, répondant aux initiales C. A., 35 ans, était chauffeur au… Sheraton. A. M. dira en outre que c'était C. A. qui le poussait à menacer de mort et à alerter le chef de parc de l'hôtel sous prétexte qu'il reconnaîtra sa voix et, du coup, alertait également les gendarmes pour ne pas changer de voix afin de “faire vrai”. Une chose est sûre : les deux “terroristes” du Sheraton ne séviront plus même s'ils avouent avoir regretté leur geste. Placés sous mandat de dépôt, en attendant l'instruction et le jugement, les deux mis en cause auront, l'espace d'une année, transformé la vie des fonctionnaires du Sheraton en enfer. FARID BELGACEM