Ce pays de 228 millions d'habitants, aux 17 000 îles, son millier de dialectes, a su gérer sa transition vers une consolidation de la démocratie, suite à la chute de Suharto, en 1998, après 32 ans de pouvoir absolu. Son challenge, aujourd'hui, est celui d'aller à la conquête des marchés internationaux avec une approche qui lui est spécifique et une volonté politique affichée courageuse. Le plus grand pays musulman du monde applique le week-end universel et le lundi (9 mars, jour du Mawlid Ennabaoui) est chômé et payé. La cérémonie est limitée aux mosquées et à un repas spécifique à chaque région. À aucun moment, nous n'avons vu ou entendu un pétard. “Ce n'est pas dans nos traditions”, m'explique un journaliste de Republika, quotidien pourtant islamiste. Paradoxe ? Non, car l'Indonésie, ce pays de 228 millions d'habitants, aux 17 000 îles, son millier de dialectes, a su gérer sa transition vers une consolidation de la démocratie, suite à la chute de Suharto, en 1998, après 32 ans de pouvoir absolu. Son challenge, aujourd'hui, est celui d'aller à la conquête des marchés internationaux avec une approche qui lui est spécifique et une volonté politique affichée courageuse. Située dans un environnement géographique (Asie) offensif et téméraire avec des pays comme Singapour, Taiwan, la Malaisie et surtout la Chine, l'Indonésie préfère garder intacte son image de marque et privilégie avant tout le contact direct et franc avec les investisseurs et hommes d'affaires. Avec l'Algérie, si le montant des échanges commerciaux avoisine les 378 millions de dollars US, les relations d'affaires encore très récentes indiquent déjà un intérêt réciproque entre les deux pays. De nombreuses visites, de part et d'autre, ont lieu et ce, à tous les niveaux. Pour la première fois, 22 hommes d'affaires ont participé en 2008 à la Foire internationale d'Alger et on attend le double pour l'édition de cette année. Des entrepreneurs algériens (55) ont séjourné, pour leur part, en octobre 2008, dans ce pays et où plusieurs ont réussi à signer des accords. Avant, en juillet, Djakarta a reçu le ministre de l'Energie et des Mines qui avait eu, entre autres, des discussions avec le responsable de l'autorité de Batam, la nouvelle zone franche spéciale qui concurrencera bientôt Singapour. Le contact reste maintenu pour ouvrir la porte de l'Asie aux tankers de Sonatrach au lieu du parcours actuel de la Somalie, peu sécurisant. En 2009, c'est une délégation parlementaire conduite par le président de la commission de la coopération internationale qui y a été invitée (février), précédée de celle du ministre des Travaux publics qui a eu à s'informer sur les capacités indonésiennes en matière d'infrastructures et d'ouvrages d'art. Le président du groupe Cévital a aussi séjourné à Djakarta où il a été reçu par des membres du gouvernement central, chargés entre autres de l'investissement et de l'agriculture. “Les relations politiques sont très anciennes entre les deux pays, presque ancestrales. On peut dire depuis 1955, à la conférence de Bandung où une délégation forte de quatre personnes y avait assisté. L'Indonésie a été un des premiers pays à reconnaître l'indépendance de votre pays. Aujourd'hui, les relations politiques étant presque parfaites, il nous fallait travailler du côté du commerce.” En poste à Alger depuis un an et demi, l'ambassadrice Yuli Mumpuni Widarso ne ménage aucun effort de ce côté-là, en collaboration avec son homologue algérien, l'ambassadeur Hamza Yahia Chérif. Elle a d'ailleurs tenu à faire le déplacement avec les hommes d'affaires algériens invités à la journée portes ouvertes (11-12 mars) consacrée à la zone franche spéciale de l'île de Batam. Elle a fait un exposé sur les opportunités d'affaires en Algérie et a appelé à une participation forte des hommes d'affaires indonésiens à la prochaine Foire internationale d'Alger. Jeunes pour la plupart, inconnus du grand public, ces nouveaux entrepreneurs connaissent déjà les autres marchés (chinois, taïwanais ou malaisiens). Ils sont par contre attirés par cette nouvelle destination des affaires que constitue l'archipel aux 17 000 îles. Karim, patron d'une entreprise spécialisée dans le papier adhésif, est subjugué : “Je viens prospecter et voir si les prix sont attractifs mais une chose est sûre : nos partenaires sont sérieux.” C'est l'avis des autres membres de la délégation dont certains parlent de l'arnaque des fournisseurs des autres pays. Badis vient de Sétif. Il importe des pneus de Turquie. On lui a parlé de ce pays. Il est venu faire aussi de la prospection dans la cas d'un meilleur rapport qualité/prix. Il a pu avoir des contacts directs avec des fabricants de pneus de marques connues. Fouad B., par contre, connaît la région comme sa poche et passe aisément de l'anglais à l'indonésien. Il avait tenté l'aventure de “Babor Australie”, à l'âge de 17 ans. Il a transité par ce pays qu'il a fini par adopter. Aujourd'hui, 30 ans, investisseur avec un gisement de réseau de connaissances et des affaires aussi bien à Djakarta qu'à Sidney (Australie), il a fondé un foyer où vit sa petite famille. D'une grande gentillesse, il vous ouvre les portes les plus fermées des hommes d'affaires et des responsables économiques indonésiens. Spécialisé dans le meuble et la prise en charge de la partie décoration des hôtels de luxe et de villas, Fouad a déjà une griffe dans ce domaine. Etablir un climat de confiance est le plus important et éviter de ternir l'image de la profession. Pour cela, la mise sur pied d'un conseil d'affaires algéro-indonésien fait son chemin ainsi qu'un partenariat entre les deux chambres de commerce pour se prémunir d'éventuels contentieux qui ne feront que nuire à l'état des relations commerciales naissantes entre les deux pays dont les positions lors des forums économiques internationaux sont harmonieuses. Pour exemple, le dernier sommet de l'Opep à Oran où il a été relevé une similitude de vues. la transition vers l'ouverture réussie La transition démocratique a été rendue possible grâce aux deux années de la présidente Megawati (2000-2004) et de son successeur Susili Bangbang Ydoyono (Sby) élu en 2004 jusqu'à juillet prochain. Les observateurs de Megawati, fille du président Sukarno, deux décisions historiques qui sont à l'origine de la rupture avec le régime de Suharto, chassé en 1998. D'abord, l'invitation ferme faite aux généraux de se retirer de la vie parlementaire et ensuite la révision de la Constitution qui a changé le mode de désignation du président ; suffrage universel direct. De même pour les gouverneurs des 33 provinces (wilayas) où le premier responsable (wali) ne sera plus nommé mais élu par les citoyens du territoire de la province. La loi sur la presse votée en 1998 permet une grande liberté d'expression inexistante auparavant. La création de titres, de radios et de chaînes de télévision est libre. Le défi du président Sby, qui voit sa popularité croître, a été la lutte farouche déclarée contre la corruption. Une commission de lutte contre la corruption (KPK) composée de représentants du gouvernement et de juges indépendants a été créée en 2006. En 3 ans d'existence, elle a traité plus d'affaires que depuis l'indépendance du pays. Les Indonésiens iront comme les Algériens aux urnes, le 9 avril. Pour eux, ce sera les élections législatives où pas moins de 44 partis sont en lice. Les affiches sont partout mais la campagne ne commencera que le 27. Des alliances se nouent déjà, au-delà des clivages idéologiques pour avoir le plus grand nombre de députés. Un parti doit avoir 20 députés au moins pour prétendre présenter un candidat à la présidentielle. Au pire à la vice-présidentielle. Au pays des 17 000 îles, de la Papoua inexplorée à Bali, le paradis sur terre, il y a d'autres îles où règnent rois et princes dans une République. O. A. LIRE TOUT LE REPORTAGE EN CLIQUANT ICI