Les accréditations se vendent sur la place publique entre 15 000 et 20 000 dinars. Décidément, l'élection présidentielle fait le bonheur de nombreuses personnes, notamment les représentants de la grande majorité des partis politiques qui font carrément du business illicite avec les accréditations prévues au niveau des CWISSEL et CCISSEL (Commission de wilaya et communale de surveillance des élections). Ces accréditations se vendent désormais sur les places publiques et dans les cafés au su et au vu de tout le monde à des prix exorbitants. Entre 15 000 et 20 000 DA pour les accréditations au niveau de la CCISSEL et 30 000 à 40 000 DA pour la CWISSEL. À Boumerdès et Alger, elles ont atteint 25 000 et 45 000 DA, nous ont affirmé certains responsables locaux de partis. L'on sait que l'Etat alloue aux membres retenus par les partis politiques pour les représenter de la CSISEL un pécule de 30 000 DA par personne et 6 millions pour les représentants de wilaya. Cette mesure, maintes fois dénoncée, a été supprimée lors des dernières élections pour être reconduite lors de l'élection actuelle. Elle a même été élargie aux partis n'ayant pas de candidats dans ces élections. Une vraie aubaine pour certains représentants de partis qui ne s'attendaient certainement pas à ce cadeau tombé du ciel. Mais ce sont surtout les représentants de certains partis politiques au niveau national et de wilaya qui profitent le plus de cette anarchie puisque les sommes qu'ils amassent sont colossales et vont jusqu'à 100 millions de centimes par personne. Du trabendo, ni plus ni moins, puisque le représentant du parti fait appel à un simple commerçant ou un parent proche et lui propose d'acheter en gros toutes les accréditations des communes de sa wilaya et qui, à son tour, les revendra au niveau de chaque commune. Mais la maison ne fait pas de crédit car le délégué de wilaya ou l'intermédiaire, pour être plus juste, doit payer à l'avance la marchandise, c'est-à-dire 20% à 40% du prix total du pourcentage qui revient au parti ou doit remettre un chèque signé à blanc pour se voir délivrer les accréditations. Comme à souk El Harrach. Les accréditations sont ensuite revendues entre 15 000 et 20 000 DA aux amis, aux membres de la famille, aux copains de quartier, payables d'avance. Peu importe si le copain ou le parent ne réside pas dans la wilaya comme ce neveu d'un membre d'un parti. Habitant Baraki, il a été accrédité à Dellys dans la wilaya de Boumerdès. Ou bien ce cadre d'un parti qui n'a aucun ancrage dans la société et qui aurait donné quatre accréditations à ses jeunes frères pour aller surveiller les élections à Médéa. Les exemples sont nombreux et sont impensables. Mais les plus heureux de ce business sont les représentants des wilayas qui ont le plus grand nombre de communes, comme par exemple, Tizi Ouzou qui, avec ses 67 communes, peut rapporter jusqu'à 80 millions ; ou Tlemcen, avec ses 53 communes, peut rapporter pour le délégué de wilaya ou la personne intermédiaire jusqu'à 60 millions. Les sommes récoltées en haut de la pyramide sont évaluées à des centaines de millions de centimes. Ainsi pour 1 541 communes et à raison de 1 million par commune, et 48 wilayas à raison de 3 millions, cela fait la bagatelle de 25 millions de dinars. Une somme importante. Où va cet argent noir ? Certainement pas chez les surveillants au niveau des bureaux de vote communaux qui, eux, ne percevront jamais les 30 000 dinars qui leur reviennent de droit, mais seulement les 40% ou 50% de la somme initiale. À Boumerdès et à Alger, de nombreux chômeurs, qui espéraient travailler pendant ces élections, ont crié leur colère puisqu'on leur a demandé de payer à l'avance les 50% de leurs accréditations, soit la somme de 15 000 DA. Une somme dont il ne dispose pas en tant que chômeurs. Ainsi ces jeunes se voient écartés injustement alors que la loi et la réglementation prévoient que tout surveillant communal soit payé 30 000 DA pour toute la période des élections et 60 000 DA pour le surveillant au niveau de la wilaya. M. T.