Le président de la Cour suprême du Pakistan Iftikhar Chaudhry, limogé en 2007 par le régime militaire et devenu une icône du combat pour la démocratie, a retrouvé ses fonctions dimanche, acclamé par des centaines de personnes rassemblées devant sa maison. Aux accents de l'hymne national, le drapeau pakistanais, vert et blanc, a été hissé sous les applaudissements de la foule, avocats en majorité, représentants de la société civile, défenseurs des droits de l'Homme et militants de partis politiques. Homme discret et réputé indépendant, vivant à l'abri des débats politiques, le juge Chaudhry n'est pas apparu lors de cette cérémonie organisée par les avocats, à l'origine du grand mouvement de contestation qui a conduit à sa réintégration. “Cette cérémonie marque la fin de la lutte des avocats et du peuple du Pakistan”, a lancé à la foule le leader du mouvement, l'avocat Aitzaz Ahsan, en expliquant que le magistrat devrait désormais travailler à l'abri de toute pression. La Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du Pakistan, avait auparavant annoncé la réintégration du juge, officielle depuis minuit. Ce retour, comme celui d'une dizaine d'autres magistrats, fait suite à la décision annoncée à l'aube du 16 mars par le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, qui avait ainsi désamorcé une crise majeure au moment où la contestation populaire semblait échapper à tout contrôle. Le retour du magistrat, âgé de 61 ans, était réclamé depuis son limogeage le 9 mars 2007, par les avocats et les partis d'opposition qui en avaient fait le symbole d'une justice indépendante. Le juge Chaudhry, nommé le 30 juin 2005, avait été destitué après avoir pris plusieurs décisions qui avaient déplu au régime militaire, notamment celle d'ordonner une enquête sur des personnes disparues et supposées être aux mains des services de sécurité. Pervez Musharraf, arrivé au pouvoir lors d'un coup d'Etat en 1999, craignait également une décision de justice susceptible de le déclarer inéligible. R. I./Agences