La production animale est la branche la moins soutenue durant tous les plans de développement initiés par l'Etat depuis l'indépendance. C'est ce que relèvent les rédacteurs du rapport sur la filière viandes. Les viandes rouges, notamment ovine, n'ont bénéficié d'aucun programme structuré. Pourtant, note le document, le secteur des viandes rouges a un important impact socioéconomique tant au niveau de la production agricole, de la commercialisation que de la consommation. En effet, la commercialisation des viandes à elle seule représente un chiffre d'affaires de plus de 162,5 milliards de dinars. Sur le plan social, environ 500 000 éleveurs sont concernés par cette activité. Le document indique que la faiblesse de la production et de la productivité (avec pour conséquences des prix à la consommation élevés) s'explique essentiellement par un déficit alimentaire du cheptel aux plans quantitatif et qualitatif. “La faible productivité n'est pas due essentiellement aux conditions du milieu, mais également à un ensemble d'autres contraintes qui limitent l'expression du potentiel productif. Elles sont d'ordre organisationnel, nutritionnel, technique et sanitaire”, souligne le rapport. Les principaux facteurs qui militent pour la production sont, entre autres, un effectif modeste en femelles reproductrices performantes, une faible productivité annuelle en viande par femelle reproductrice, l'insuffisance d'espace agricole “intensifiable”, les ressources modestes en alimentation animale et une forte dépendance en intrants d'aliments de bétail. Le cheptel bovin est estimé à 985 000 femelles, dont un quart de races pures, alors que le cheptel ovin compte 10 millions de femelles. Le nombre d'éleveurs de bovins s'élève à 151 000, celui d'ovins à 259 000 et celui des éleveurs de caprins à 136 000. La taille moyenne des élevages de bovins se situe entre 2 et 3 vaches/éleveur, celle des ovins avec 15 brebis/éleveur, et celle des élevages de caprins au niveau de 6 chèvres par éleveur. La plupart des éleveurs (62 à 70%) sont implantés dans des exploitations agricoles dont la taille ne dépasse pas 10 ha. Parallèlement à l'évolution de la production, la consommation a évolué d'une manière sensible particulièrement au cours de la dernière décennie du fait des changements des habitudes alimentaires et de l'amélioration du pouvoir d'achat de la population. Elle est passée de 290 000 t en 1997 à 320 000 t en 2007. Par tête d'habitant, elle se situerait au niveau de 8 à 9 kg. Le document indique que la production des viandes rouges est irrationnelle. Le marché de la viande rouge est archaïque, anarchique et spéculatif. La commercialisation du cheptel vif est le tableau relativement obscur de la filière. “La politique des viandes rouges ne doit pas se limiter à la seule question de la production d'animaux sur pieds. Les problèmes de commercialisation du cheptel vif, de son abattage, de sa transformation en viande, de son stockage et de sa commercialisation sont aussi importants pour maîtriser l'ensemble de la filière viandes rouges”, suggèrent les rédacteurs du rapport. M. R.