International Crisis Group (ICG), une organisation non gouvernementale qui travaille sur la prévention et les propositions de résolution des conflits dans le monde, vient de publier un rapport de 48 pages sur la crise de Kabylie. Dirigé par l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari, basé à Bruxelles, l'ICG fait un état des lieux quasi-exhaustif et conclut par des recommandations aussi bien au mouvement citoyen qu'au gouvernement. “Le fait que l'agitation du Printemps noir de Kabylie ne se soit pas encore dissipée reflète l'incapacité du système politique, au niveau national, d'adopter des réformes qui comblent le déficit de la représentation démocratique. Ni le pouvoir, ni les partis politiques kabyles et ni les prétendues coordinations, qui ont pris la tête du mouvement de contestation dans la région, n'ont, jusqu'à présent, proposé de formules sérieuses pour sortir de l'impasse”, lit-on en préambule. Pour cette ONG, la crise est porteuse “de danger pour l'Algérie dans son ensemble, dans la mesure où elle aggrave l'instabilité du régime et remet en cause le rapport de la Kabylie à la nation. De manière plus générale, elle reflète le problème fondamental qui afflige l'Algérie depuis son indépendance : l'absence d'institutions politiques adéquates permettant la représentation régulière des intérêts et l'expression pacifique des griefs”. Elle met dos à dos le pouvoir et le mouvement : “Le pouvoir, paralysé par les divisions internes et la résistance au changement, n'est pas parvenu à réagir de manière efficace aux revendications légitimes, contribuant ainsi à la dégénérescence du mouvement qui, par son radicalisme intolérant et irréaliste, s'est aliéné la sympathie du public.” Dans ses recommandations, l'ICG conseille au mouvement d'“abandonner le recours à la violence afin de regagner l'initiative morale et le soutien du public”, en renonçant, notamment, à “empêcher les élections et à exercer des pressions sur les partis politiques afin qu'ils soutiennent” ses objectifs. Elle demande de se concentrer sur des objectifs “réalistes et réalisables (en renonçant à la revendication concernant le retrait de la gendarmerie de la Kabylie)”. Et d'“oublier” le caractère non négociable de la plate-forme d'El-Kseur. Au gouvernement, cette ONG recommande de reconnaître publiquement que le mouvement a soulevé des préoccupations légitimes : libérer tous ses militants et abandonner les poursuites judiciaires ; réviser les fonctions et les consignes d'ouverture du feu de la Gendarmerie nationale ; créer une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier la crise économique de la Kabylie et renforcer les diverses Assemblées élues. L'ICG attend de l'Union européenne qu'elle soutienne les efforts visant à développer le rôle et les pouvoirs des institutions élues, législatives et représentatives, ainsi que la recherche de possibilités de financement de projets d'infrastructure et d'autres projets de développement susceptibles de stimuler une relance de l'activité économique en Kabylie. L. B. Des associations dénoncent les attaques contre le FLN Le Mouvement culturel amazigh soutient Ali Benflis Dans une déclaration, parvenue hier à notre rédaction, le Mouvement culturel amazigh des Aurès dénonce les attaques qui ciblent le parti du Front de libération nationale représenté par son secrétaire général, Ali Benflis. Le MCA, qui évoque son souci de sauvegarder l'unité nationale et la stabilité du pays, proclame son soutien “historique” à la candidature de l'ancien Chef de gouvernement à l'élection présidentielle de 2004. R. N.