Réserves n Dans un contexte politique tendu aux Etats-Unis et à moins de 15 jours d'un rapport très attendu sur la situation irakienne, Bush promet de réduire ses troupes. Devant des militaires sur la base d'Al-Assad, hier, lundi, Bush a toutefois souligné qu'une telle décision ne serait pas prise sous l'influence d'opinions «politiciennes à Washington». Sa visite surprise de quelques heures en Irak est intervenue le jour même où la Grande-Bretagne, le plus sûr allié des Américains, a procédé à un retrait hautement symbolique de la deuxième ville du pays, Bassorah au sud de Bagdad. Le président américain, qui s'exprimait quelques jours avant que le général Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, et Ryan Crocker, l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, ne présentent au Congrès leur évaluation de la situation, n'a fourni ni calendrier ni chiffre. Toute réduction «sera basée sur une évaluation sereine faite par la hiérarchie militaire et non pas à partir de réactions politiciennes nerveuses à Washington», a expliqué Bush devant les militaires sur la base d'Al-Assad. Cette immense base américaine est au cœur de la province d'al-Anbar, un bastion de l'insurrection sunnite qui était autrefois l'un des théâtres d'opération les plus dangereux pour les GI's. L'armée américaine y met en œuvre depuis plusieurs mois une stratégie d'alliance avec les chefs tribaux locaux pour lutter contre la branche irakienne d'Al-Qaîda. Cette stratégie est considérée par les Américains comme pouvant servir de modèle à une «réconciliation nationale» qu'ils souhaiteraient voir mise en œuvre par le Premier ministre Nouri al-Maliki. Bush a toutefois exprimé sa frustration devant la lenteur des changements politiques en Irak, mais a indiqué qu'il continuait à soutenir la direction «en évolution du Premier ministre irakien». «Il est en train d'évoluer comme leader», a-t-il souligné. Bush a expliqué avoir transmis le message suivant au chef du gouvernement irakien : «Vous êtes mon ami et ... vous avez fait des progrès lors des récentes réunions. Il est temps maintenant de passer ces lois nécessaires à une réconciliation nationale. Vous avez un dur travail à faire et vous savez que nous le comprenons.» Aux Etats-Unis, l'administration Bush doit défendre sa stratégie en Irak devant un Congrès de plus en plus hostile et une opinion publique toujours sceptique au sujet d'une guerre qui a provoqué la mort de plus de 3 700 soldats américains et de dizaines de milliers d'Irakiens. Petraeus et Crocker présenteront les 10 et 12 septembre prochains au Congrès leur évaluation de la situation. Ils se prononceront notamment sur l'envoi de renforts militaires et la stratégie de sécurisation de la capitale décidés en février dernier par Bush. La Maison-Blanche doit aussi rendre compte de la situation au Congrès pour convaincre les parlementaires de continuer à financer la guerre. Le président américain effectuait là sa troisième visite en Irak depuis l'intervention de mars 2003. Il s'agissait «de la dernière grande rencontre des conseillers militaires du président et des dirigeants irakiens avant que le président ne décide de la marche à suivre», selon un porte-parole du Pentagone. L'accord d'Helsinki n Des représentants de partis politiques irakiens et d'autres groupes liés au conflit ont signé, hier, lundi, «l'accord d'Helsinki» dans lequel ils s'engagent à ouvrir des négociations en vue d'une réconciliation nationale, a indiqué un communiqué de la Crisis Management Initiative (CMI), une organisation non gouvernementale finlandaise spécialisée dans la résolution des conflits. Le texte, publié par la CMI, comprend douze recommandations et neuf objectifs politiques. Ses signataires s'engagent notamment à «résoudre tous les différends politiques par la non-violence et la démocratie, à interdire l'utilisation d'armes à tous les groupes armés pendant les négociations et à former une commission indépendante dont la mission sera de superviser le processus de désarmement des groupes armés non gouvernementaux». Ils s'engagent également à «rompre avec les disputes sectaires et ethniques, à mettre fin au déplacement des Irakiens et à garantir leur retour dans la sécurité, ainsi qu'à donner les moyens de leur mission à l'armée et à la police». Aucun détail supplémentaire n'a été fourni sur l'identité des participants de la réunion ni sur les modalités de la poursuite de ces consultations. Mais, selon la télévision publique finlandaise Yle, il s'agirait entre autres du secrétaire d'Etat irakien au dialogue national, Akram al-Hakim (chiite), de représentants du chef radical chiite Moqtada Sadr, du dirigeant sunnite Saleh al-Mutlaq et d'un représentant du parti du Premier ministre Nouri al-Maliki. Créée en 2000 par l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari, actuel envoyé spécial des Nations unies sur le Kosovo, la CMI a arraché en 2005 un accord de paix entre le gouvernement indonésien et les rebelles de la province indonésienne d'Aceh.