Plusieurs barrages souffrent de pollution et d'envasement. Le taux de remplissage de tous les barrages existant est actuellement estimé à 58%. Si pour les régions centre et est du pays ce rapport se situe entre 80 et 100%, celui de l'Ouest, en revanche, est évalué à moins de 40%. Pour les premières zones citées, presque tous les barrages débordaient. Ils étaient pleins à 100%, ce qui a poussé les responsables à ouvrir les vannes et à alimenter de nombreuses localités dont les canalisations sont en bon état. Durant l'été, cependant, le niveau va certainement baisser à cause, entre autres, de l'évaporation. Conséquence : certaines régions ne vont bénéficier que d'une alimentation de 6 à 8 heures par jour. “Cette décision est prise non pas à cause du manque d'eau, mais par mesure de précaution pour l'année prochaine”, expliquera M. Attar, ministre des Ressources en eau, en marge du regroupement des chefs de projet et chefs d'exploitation de barrage, tenu hier à Alger. “Qu'est-ce qui prouve que nous aurons une pluviométrie conséquente en 2004 ?”, s'est-il interrogé. Tant que personne n'est sûr de l'avenir et que les différents barrages ne sont pas connectés, précisera le ministre, une gestion rationnelle de l'eau est de mise. “Ce n'est pas l'alerte rouge, mais nous devons être prudents”, rassurera M. Attar. Le danger persiste, néanmoins, dans l'ouest du pays. À Oran, il n'y a que le centre-ville qui est bien alimenté en eau potable. Les localités avoisinantes, telles que Es-sénia, Tafraoui, Chtaïbou, quant à elles, ne reçoivent de l'eau qu'une fois par semaine. Elles dépendent toujours des citernes. Il y a un déficit accru d'eau, les nappes souterraines sont asséchées, les deux plus grands barrages de la région, en l'occurrence Vergar et Béni Behdel, sont presque à sec. D'où la nécessité de répartir les quantités d'eau récoltées d'une manière équitable entre les différentes localités à travers de nouvelles conduites et des forages, tels que celui réalisé à la frontière marocaine, destiné à l'alimentation de Maghnia, Tlemcen… “Nous pouvons régler le problème cet été, puisque nous sommes en mesure de puiser encore du barrage de Béni Behdel au profit des pourtours d'Oran”, soulignera le premier responsable du département des Ressources en eau. Un autre projet, dont l'achèvement nécessite au moins cinq ans, est, en outre, identifié pour l'Ouest algérien. Il s'agit de la reprise des eaux des barrages, le long du bassin du Cheliff jusqu'à Oran, pour l'alimentation en eau potable (AEP) et l'irrigation. Le coût du projet s'élève à plus de 30 milliards de dinars. Si le département de M. Attar arrive à dégager les financements nécessaires, les travaux démarreront d'ici à la fin de l'année en cours. Il faut attendre, cependant, trois ans au minimum pour que l'eau soit disponible. Les régions de l'Est et du Centre bénéficieront de plusieurs autres projets, notamment le transfert des eaux du barrage de Taksebt à Oued Aïssi (Tizi Ouzou) qui sera achevé dans moins de trois ans. Au bout de 18 mois, cette opération permettra d'alimenter la ville de Tizi Ouzou en priorité, puis Draâ Ben-Khedda, etc. À cela, il y a lieu d'ajouter le transfert de Tichihaht vers Béjaïa et toute la vallée de la Soummam, celui de Tilzdit vers Bouira, Koudiet Acerdoune qui, lui aussi, renforcera en AEP les régions du Centre et les Hauts-Plateaux jusqu'à Boussaâda, Bouira, Sidi-Aïssa, Sour El-Ghozlane… Le barrage de Béni Haroune, quant à lui, desservira les localités du Sud-Est constantinois dont Mila, Constantine, Batna, Khenchela… “Nous ferons en sorte que l'eau soit disponible à quantités égales d'une région à une autre. Car, il y a des villes qui sont bien alimentées, tandis que d'autres souffrent d'une carence terrible de cet élément vital”, précisera M. Attar. D'autres problèmes liés à la pollution et à l'envasement des barrages viennent également se greffer à la situation qui prévaut dans ce secteur. B. K. Les projets D'ici à l'horizon 2020, l'Algérie prévoit la réalisation de quelque 50 barrages. n Si les financements nécessaires sont dégagés et les entreprises réalisatrices sont performantes, la tutelle peut recevoir, selon le ministre, deux barrages par an. n Pour l'année en cours, trois barrages dont Béni Haroune et Koudiet-Menouer seront réceptionnés. n Béni Haroune est le plus grand barrage en Algérie avec une capacité de 960 millions de m3. n Des projets de transfert d'eau de In Salah vers Tamanrasset et de l'Atlas tellien vers les Hauts-Plateaux sont, en outre, sérieusement envisagés. B. K.