L'Algérie est un des rares pays qui, concernant la question du suicide, ne figure pas sur les statistiques mondiales, “faute d'enquêtes nationales sur ce phénomène toujours croissant”. Cette information a été rapportée, jeudi, par le Pr Madjid Bessaha, médecin expert près les tribunaux, lors d'une conférence consacrée à la problématique du suicide dans notre pays. Initiée par la Fondation Mahfoud-Boucebci, la rencontre s'est déroulée à la salle Frantz-Fanon de Riadh El-Feth et a permis, notamment à des médecins, psychologues et psychiatres de débattre sur ce problème de société en Algérie, qui interpelle tout un chacun. Que faut-il comprendre par ce geste et qui cela concerne-t-il ? Comment réagissons-nous ? Comment la société prend-elle en charge les suicidés et leurs familles ? Ces questions et d'autres encore ont été abordées par trois intervenants, à savoir le Pr Bessaha, le Dr Maâmmar Aouchiche (psychiatre) et Mme A. Dalila Zouad (psychologue clinicienne à la DGSN). D'emblée, M. Bessaha, en sa qualité de médecin expert au service de médecine légale au CHU Mustapha-Pacha et de président de la Société algérienne de médecine légale, a observé qu'“il ne se passe pas un jour sans qu'un service de médecine légale en Algérie ne pratique une autopsie pour cause de mort violente notamment un suicide”. Selon lui, parler sur ce sujet “est une façon d'alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur les dangers qui guettent notre société et de préconiser les moyens à même de prévenir cette forme de violence contre soi”. Le Dr Aouchiche a, pour sa part, insisté sur le fait que “la question du suicide soulève obligatoirement celle d'une pathologie mentale associée ou révélée”. Non sans confirmer que cette problématique est “au centre des préoccupations du psychiatre”. L'intervention de Mme Zouad A. a suscité un grand intérêt auprès de l'assistance. Elle a permis de comprendre comment “le bureau du suivi psychologique participe à (…) l'évaluation des facteurs de risques et de décompensation psychopathologique”, afin de pallier “l'éventualité d'un comportement suicidaire”. Ce qui laisse entendre une approche avec un nouveau champ, celui de la prise en considération d'une problématique sociétale, qui devrait être développée au sein des autres corps de l'Etat et de l'ensemble de la société. “La mission de prévention collective entreprise par la DGSN” n'est-elle pas déjà une amorce de réflexion pour une meilleure compréhension du phénomène.