“La Muse : “Tu as pour moisson un entêtement à être à côté de mon souffle à un cheveu de mon corps, tu fouilleras la trace de mes premiers balbutiements et épieras la seconde au creux de mon aisselle, tu voleras haut au-dessus du vertige d'un présent fossilisé par la bêtise d'un mot (…)” (page 9). C'est par ces mots si éloquents et lourds de sens que l'auteur Youcef Merahi entame son œuvre Post-scriptum. Des mots qui sonnent telle une sentence, voire une prédiction. Classée comme étant une œuvre épistolaire, Post-scriptum est un échange de lettres ou plutôt de propos entre Le Poète et La Muse, et pas n'importe quelle muse : la sienne, sa muse à lui, une muse qu'il a aimée et vice versa. “(…) Les deux protagonistes, qui vécurent une intense passion amoureuse doublée d'une réelle complicité intellectuelle, se donnent la réplique, chacun pour convaincre l'autre et se convaincre, tour à tour qu'une idylle aussi puissante ne peut s'éteindre (…)” (extrait de la quatrième couverture du livre). Flirtant entre la poésie et la narration, l'auteur Youcef Merahi nous livre, ici, un incessant va-et-vient truffé de questionnements et, surtout, de remises en question ou en cause, le tout rédigé dans un style fluide. Les deux héros se posent des questions mais apportent aussi des réponses ou des éléments de réponse. Ils n'ont de cesse de se faire des reproches, surtout La Muse qui tente — tant bien que mal — de faire comprendre au Poète que leur relation est bien terminée, que la page est tournée et qu'il ne reste que les souvenirs… Chose qu'il n'arrive apparemment pas à réaliser au point où il essaye de lui démontrer qu'avec lui, la vie est totalement différente, qu'elle ne pourra trouver mieux que lui : “(…) Avec moi, tu as droit à la parole. Tu peux épancher tes sentiments. Tu peux divaguer à loisir puisque j'ai le cœur pour cela. Je ne suis pas le vigile de tes dires ni l'arbitre de ta conscience (…)” Un amour impossible car plus rien ne les amarrent. Au fil des 118 pages, nous vivons un amour impossible, truffé de disputes et surtout de réconciliation. Dans ce sempiternel, voire incessant parcours initiatique à l'amour, où l'éternel conflit entre l'homme et la femme face à un amour inévitablement impossible est mis en exergue, Post-scriptum est l'explosion de pulsions fortes, gorgées de sentiments ! Amine IDJER (“Post-scriptum” de Youcef Merahi, roman Casbah Editions 2008, 118 pages, 450 DA).