Zahana et Hdjar Soud n'ont reçu aucune offre. L'opération d'ouverture du capital, à hauteur de 51%, des trois cimenteries, Meftah d'Alger, Zahana de Mascara et Hdjar Soud de Skikda, est un échec affirment des cimentiers algériens contactés, hier, à l'issue de la séance d'ouverture des plis financiers, organisée au ministère de la Participation et de la Promotion de l'investissement. D'abord, nous dit-on, sur une dizaine de sociétés qui ont retiré les cahiers des charges, seules deux cimentiers étrangères ont soumissionnés. Il s'agit du cimentier français Lafarge Algérie et du portugais Cimpor retenus, lors de l'ouverture des plis des offres techniques, qui s'est déroulée la semaine passée. Hier, le cimentier français a été éliminé ; son offre administrative jugée irrecevable. Selon le président du comité d'évaluation des offres, Lafarge Algérie n'a pas signé le cahier des charges et le règlement de l'appel d'offre. Par ailleurs, il a émis des conditions alors que le règlement de l'appel d'offre souligne le caractère “non négociable” du cahier des charges. L'entrée des cimentiers étrangers dans le capital des cimenteries est “conditionnée par la qualité des offres et leur conformité aux cahiers des charges qui imposent aux repreneurs le maintien de l'emploi existant pendant cinq ans et l'augmentation de la production avec des normes internationales par une meilleure utilisation des capacités existantes”, affirme un représentant du ministère de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Le cahier des charges impose également la réalisation d'importants investissements de sauvegarde de l'environnement sur les trois ans à venir. Du coup, seule l'offre du portugais Cimpor a été retenue. Celui-ci n'a soumissionné que pour la cimenterie de Meftah. Zahana et Hdjar Soud n'ont reçu aucune offre. La société portugaise a offert 41,5 millions d'euros pour l'acquisition des 51% du capital social de la cimenterie de Meftah. Un responsable du ministère de l'Industrie, contacté par nos soins, “juge l'offre ridicule”. C'est que selon lui, Meftah a produit en 2002 plus de 800 000 tonnes de ciments, “ce qui n'est pas sa meilleure production”. La capacité installée est estimée à un million de tonnes par an selon M. Setti, son président-directeur général. Le responsable du ministère de l'Industrie nous a expliqué que la tonne de ciment sur le marché internationale coûte 50 euros. Donc, la production de Meftah pour une année représente plus de 40 millions d'euros, soit quasiment, l'offre de Cimpor. En plus, selon notre interlocuteur, le ciment produit en Algérie dégage une valeur ajoutée plus forte, ce qui explique le recours très faible à l'importation. En outre, Ali Balagha, un Tunisien représentant du cimentier portugais, affirme que Cimpor avait acquis à 100% une cimenterie en Tunisie, qui présente les mêmes spécifications que Meftah, mais il a refusé de divulguer le montant. Il souligne que son offre prévoit un programme d'investissement “important”. Il confirme le respect de la condition de préservation d'emploi. Néanmoins, pour la première phase, la société portugaise envisage d'“améliorer les méthodes de la production et augmenter la productivité de l'usine et passer ensuite à l'extension de la capacité de production de la cimenterie”, souligne Ali Balagha. 10e groupe cimentier mondial, doté d'un capital social de 675 millions d'euros, Cimpor produit 23 millions de tonnes de ciment. Cet échec, si on peut le qualifier ainsi, apporte de l'eau au moulin de certains opérateurs économiques algériens, notamment le Forum des chefs d'entreprise, qui avaient contesté la procédure. Selon eux, les conditions affichées dans les cahiers des charges excluent de fait de la compétition les opérateurs économiques algériens. En tout état de cause, c'est au conseil des participations de décider. “L'offre sera soumise au Conseil des participations de l'Etat qui doit se prononcer sur sa recevabilité”, souligne Ababsa. M. R.