Le candidat Touati a été peu amène avec la commission présidée par Mohamed Teguia, dont il dénie jusqu'à l'existence. De son périple électoral à travers les quatre coins du pays à l'occasion de la campagne pour l'élection présidentielle, le candidat du FNA, Moussa Touati, est revenu avec une conviction bien chevillée que les Algériens ne se rendront pas massivement aux urnes le 9 avril prochain. “Le taux de participation ne dépassera pas 40%”, a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse animée hier au siège national de son parti. Sur quoi M. Touati fonde-t-il sa prédiction ? Il cite trois faits observés lors de la campagne électorale. Primo : les citoyens qui participent aux meetings du candidat et des partis du pouvoir l'ont fait sous la contrainte. Outre la fermeture des communes, les fonctionnaires sont eux aussi obligés d'y assister. Deuxio : les moyens de transport qui emmènent les citoyens aux meetings de Bouteflika appartiennent à l'Etat. Tertio : les conditions de vie des Algériens sont intenables. L'autre conviction de Moussa Touati est que la prochaine élection présidentielle connaîtra inévitablement un second tour. “Il est exclu que le candidat du pouvoir et de l'argent (c'est-à-dire Bouteflika) ou celui du peuple et de la vérité (comprendre Moussa Touati) puisse gagner l'élection dès le premier tour. Il faut qu'il y ait un second tour”, clame-t-il. Et si au soir du 9 avril, le candidat Bouteflika est déclaré vainqueur avec une majorité absolue, que fera-t-il ? “Je l'ai déjà annoncé à partir de Boumerdès. Je ferai grève et, plus encore, je mènerai une campagne de sensibilisation pour inviter le peuple à faire de même”, rétorque-t-il d'un ton menaçant. À l'écouter pourtant énumérer la série d'entraves et autres abus dont se sont rendu coupables les partisans du candidat de “l'administration et de l'argent” (non-respect des espaces réservés à l'affichage, utilisation des moyens de l'Etat), il semble exclu que cette élection connaisse une autre issue. Mais parce qu'il est “un militant qui travaille pour le changement”, Moussa Touati assure, très sérieux, qu'il n'a pas peur de ses innombrables “dépassements”. Mieux, il compte “rester dans la course” car il dit ne pas avoir le droit de décevoir les militants qui se sont prononcés pour sa candidature. À l'adresse de ceux qui continuent à le qualifier de lièvre, Touati rugit : “Je suis un lion qui vous protégera et non pas un lièvre. C'est honteux qu'on affuble des candidats de noms d'animaux.” Et il a juré de créer la surprise pour peu que l'élection soit transparente même à 60% seulement. Son vœu est que les jeunes disent leur mot en allant aux urnes pour réaliser une révolution par le vote. Faisant le bilan de sa campagne électorale, Touati estime qu'elle est “réussie” car elle lui a permis de faire connaître son parti et le programme qu'il défend auprès des citoyens. “Nous n'avons déboursé que 270 millions de centimes lors de toute notre campagne”, s'est targué Moussa Touati. D'autre part, le candidat Touati n'a été peu amène avec la commission présidée par Mohamed Teguia, dont il dénie jusqu'à l'existence. “Il n'y a pas de commission. Moi je préfère m'en remettre à la rue mais pas à cette commission”, s'écrie-t-il. Le Parlement algérien a eu lui aussi pour son grade. “Je ne reconnais pas un Parlement qui a voté des amendements de la Constitution, alors qu'elle est une prérogative du peuple. Personnellement, je n'attends rien des députés. Il n'y a que le peuple”, assène-t-il. A. C.