Résumé : J'avais promis d'aider cette bonne femme. Une fois remise de son mal, je lui proposais de travailler auprès de ma grand-mère Zahra, dans notre petit village. Elle parut enchantée… Houria avait le regard mouillé : -Oh docteur. Vous faites trop de choses pour moi. Je pensais que le monde n'était plus peuplé d'âme aussi généreuse que la votre. Mais un problème se pose tout de même. - Lequel ? - Mon mari… - Ah ! - Vous savez docteur, après tout nous sommes toujours mariés et c'est le père de mes enfants. - Je comprends fort bien. Seulement, je ne vois pas comment venir en aide à un ivrogne, repris de justice, qui fait prostituer sa femme. Houria baisse les yeux. - Je suis une pauvre créature docteur. Je n'ai que le bon Dieu et vous pour me venir en aide. Je ne veux pas commettre le péché d'éloigner mes enfants de leur père. Ils sont encore bien jeunes pour comprendre certaines choses, et je ne veux pas avoir des remords pour le restant de mes jours, si jamais un malheur arrivait à mon homme. - Quel malheur pire que celui qu'il a provoqué peut-il lui arriver… M'exclamais-je hors de moi. En réalité, j'étais plutôt confiante. Si cette femme tenait à sa famille, et à son mari après tout ce qu'elle avait subit, c'est qu'au fond, elle n'était pas du tout mauvaise. J'étais rassurée. Mais c'est d'un faux air indigné que je repris : - Je vais voir ce que je pourrais faire pour lui. Mais avant cela, il faut qu'il passe me voir. Je veux savoir à qui j'ai affaire. Houria revint dès le lendemain avec son homme. Il était d'apparence encore jeune et assez balaise. On devinait qu'il avait fait des efforts pour se rendre présentable, et que sa barbe hirsute et mal rasée dénotait d'un sérieux manque de sommeil. L'homme était mal à l'aise. Il se sentait en faute, et baissait les yeux devant moi. Je leur demandais de s'asseoir et prit mon temps pour détailler cet homme que je destinais déjà à travailler dans nos vergers. Eh oui, j'avais pris les devants. Je savais que Houria allait me poser ce problème, donc j'avais déjà demandé à un de mes oncles de l'embaucher, et de le surveiller de près. Les paysans étaient rudes, et ceux qui travaillaient dans nos fermes sauront rudoyer ce bon à rien et l'obliger à reprendre goût à un travail dur mais honnête et bien payé. Je regardais Houria qui souriait : - C'est lui, docteur… C'est mon mari… - Je vois… Mais, apparemment, il a avalé sa langue. Houria le pousse du coude : - Bonjour, octeur… balbutia-t-il - Comment t'appelles-tu ? - Saïd… pour vous servir, Madame. Y. H.