Résumé : Chahira est embarquée illico-presto par le nouveau patron et se retrouve sans trop se rendre compte engagée pour travailler dans une boîte de nuit. L'homme lui avait même promis de régulariser sa situation administrative. 53eme partie Je ne voulais donner ni mon vrai prénom ni mon vrai nom, déjà que ma famille avait eu honte de ma conduite. Alors, sans savoir pourquoi je lançais Houria, Houria D. - Bon, je vais noter ça tout de suite. Mais pour le travail, il vous faut un autre nom. Un nom plus romantique. Que dites-vous de Myriam ? Je haussais les épaules : - Peu importe, monsieur. - Alors vous travaillerez désormais sous le pseudonyme de Myriam. Mais sur les papiers vous serez, bien entendu, Houria D. Je vais m'occuper de vous établir une carte d'identité. L'homme sortit en me laissant seule dans cette grande pièce qui me parut assez confortable. Je compris tout de suite que c'était là que je devais aussi recevoir certains clients “particuliers” et surtout des personnes “respectables” qui n'aimaient pas trop la foule. Ce soir-là j'étais déjà trop fatiguée pour penser à quoi que ce soit. On me fait monter mon dîner et je fus contente de pouvoir avaler quelque chose de chaud et de consistant. Je m'affalais ensuite toute habillée sur mon lit et ne me réveillais qu'au petit matin. Une femme vint frapper à ma porte et me remit un plein sac de vêtement de toutes les tailles. - Vous prenez ce qui vous va et le reste vous le remettez dans le sac, me dit-elle avant de s'en aller. Je vidais le contenu sur le grand lit et découvrais des robes de soirée et des chaussures. J'essayais une ou deux robes au décolleté profond et aux paillettes brillantes, puis deux ou trois paires de chaussures. Les robes m'allaient bien. J'avais perdu un peu de poids et ma silhouette élancée me permettait de porter n'importe quelle tenue. Je me contemplais un moment dans la glace et fut contente de mon reflet. Me voici donc dotée de deux robes de “travail” et de trois paires de chaussures. La dame revint récupérer le sac et je descendis au rez-de-chaussée pour le petit-déjeuner. Là je rencontrais d'autres femmes qui, tout comme moi, venaient d'être recrutées. Quelques-unes étaient là depuis plusieurs jours déjà et se permettaient quelques commentaires sur les soirées. Les unes trouvaient les clients trop entreprenants, les autres plutôt gentils et généreux. À chacune sa chance. Et moi, que vais-je devenir dans ces lieux où l'alcool et l'argent coulaient à flot chaque soir ? Une des filles me regarde un moment, puis me lance : - Tu es belle, toi. D'où sors-tu donc ? Je répondis sans trop réfléchir : - De nulle part. Les filles se mettent à rire : - Laisse-là donc tranquille Nicette, lance une femme un peu plus âgée, ne vois-tu pas donc que c'est une bleue. On rit encore et on me lance des boutades du genre : - Tu feras fureur. Les vieux messieurs aiment la chair fraîche ! Y. H. (À suivre)