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Les habitants s'en prennent aux autorités
Après la levée de la quarantaine
Publié dans Liberté le 26 - 06 - 2003

“Nous savons que c'est de la poudre aux yeux, en dépit des assurances des autorités locales”, affirment, irrités, des villageois réunis dans l'enceinte de l'école.
“Kehaïlia est sortie de l'anonymat grâce à la peste bubonique”, lance, mi-goguenard mi-ironique, un habitant de ce bourg brûlé par un soleil torride. Cette sentence tranche nettement avec l'état d'esprit qui prévaut actuellement à Kehaïlia. Elle renseigne sur l'étendue du drame qui a affecté la population de ce misérable village du bout du monde. Malgré la présence du wali, venu, hier, en grande pompe “réconforter les habitants au nom du président Bouteflika”, les citoyens de Kehaïlia, pauvres, mais humbles, sont restés de marbre. “Nous savons que c'est de la poudre aux yeux, en dépit des assurances des autorités locales”, affirment, irrités, des villageois réunis dans l'enceinte de l'école. Selon les affirmations de jeunes chômeurs, très nombreux ici, la majorité des villageois ont décliné l'invitation du P/APC de Tafraoui à “venir écouter le wali”, préférant rester chez eux. “Nous ne sommes pas dupes, le maire veut juste que nous soyons présents en grand nombre pendant l'allocution du wali. Mais nous refusons de faire leur sale jeu.” Le mot est lâché et il faut qu'on s'y arrête.
Nous sommes aussitôt assaillis par des citoyens qui en ont gros sur le cœur et qui veulent faire “des déclarations à la presse indépendante”. On sent que les gens d'ici souffrent dans leur chair et dans leur amour-propre. “On nous a traités de tous les noms. On nous a même fait passer pour des gens sales et peu avenants. L'ENTV n'a pas raté son coup en montrant des clichés orduriers de notre petit village déshérité”, lancent, péremptoires, les familles des personnes contaminées encore sous observation. Selon les propres dires de la population, “la femme contaminée que l'ENTV a montrée, prétendument originaire du quartier de Boulanger à Oran, n'a jamais séjourné à Kehaïlia”.
Suivent les réprobations et l'indignation des sages du village. “Nous tenons à le confirmer, ici, devant vous : cette femme n'a jamais mis les pieds chez nous. Car, ici, tout le monde connaît tout le monde.” Décodé, le message donne ceci : on a voulu mettre sur le dos des gens de Kehaïlia la propagation et l'origine de la maladie.
Selon des témoignages recueillis sur place, une femme âgée de 37 ans, répondant au nom de Bordji Hadja, est décédée d'une maladie “fiévreuse, présentant les symptômes de la peste, et ce, bien avant le décès du jeune garçon le 18 juin”.
Suivent les récriminations de la population à l'adresse de la presse écrite. “Regardez, il n'y a rien ici. La seule infirmerie qui existe est dépourvue de médicaments tels la pénicilline et le mercurochrome. Nous avons dû débourser de notre poche pour acheter les médicaments à nos malades.” “Nous voulons que tout le monde sache que nous sommes restés seuls face à la peste qui a fait son apparition bien avant le décès du jeune B. H.”, précisent, en colère, des citoyens apparemment dégoûtés.
Sur place, et devant la caméra qui évite soigneusement la consternation des habitants, des équipes des services vétérinaires de la DSA, habillées de bottes et de tabliers neufs pour la circonstance, sont filmées devant des fûts de produits chimiques. “Nous allons procéder à une opération de déparasitage de tous les animaux existant au niveau de Kehaïlia”, annonce dans le micro de l'ENTV le vétérinaire en chef. À ce moment, des citoyens interviennent : “Mais de quel déparasitage veut-il parler ? Où était-il lorsque les services communaux abattaient les chiens enragés qu'ils abandonnaient à la putréfaction ?”, s'insurgent de nombreux jeunes qui “n'ont pas froid aux yeux”.
Au loin, des élus locaux regardent la scène. “Ils sont en train de repérer ceux qui s'adressent à la presse. Mais on n'en a cure”, vocifère l'un d'eux qui nous emmène dans sa mansarde. À l'intérieur de l'unique pièce sans fenêtre, une marmite est posée sur le feu. Un bébé de cinq mois, le corps couvert de traces de piqûre de moustique, est sagement assis dans son landau de bois. Sa mère, confuse, nous reçoit en s'excusant. Ici, il n'y a ni eau, ni gaz, ni bouches d'évacuation et encore moins de verdure. À l'extérieur, des traces blanches de pesticides parsèment la route poussiéreuse. En prenant congé des sympathiques habitants de Kehaïlia qui nous convièrent à un “café maison”, ceux-ci n'ont eu de cesse de marteler : “S'il vous plaît, dites à la houkouma que nous existons, que nous n'avons pas besoin de son aumône. Nous demandons juste nos droits.”
B. G.


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