Le projet du viaduc entre les communes de Sidi Mérouane et Chigara, rejeté par la direction des travaux publics pour des raisons de coût et de rentabilité, ne cesse de défrayer la chronique. Après les instantes demandes formulées par les populations locales depuis la disparition, en 2003, du pont qui reliait les deux localités sous les eaux du barrage de Beni Haroun, c'est au tour du président de l'APC de Chigara, A. Chelli, de s'exprimer sur la question. Remettant en doute le coût estimatif de 800 milliards de centimes que nécessiterait ledit ouvrage d'art, coût rendu public récemment par la DTP, le P/APC de la commune de Chigara estime qu'“on exagère délibérément le coût du pont pour ne pas le réaliser”. Et d'ajouter sur un ton dubitatif : “On a gonflé intentionnellement l'enveloppe pour nous faire taire. Le coût établi en 2006 par un bureau d'études algérois se situait entre 600 et 650 milliards de centimes. En plus, il y a un site plus avantageux que celui choisi par la DTP pour son étude, un site qui permettrait la réalisation d'un viaduc d'une longueur ne dépassant pas les 200 mètres, au lieu de la travée de 400 mètres décrite dans l'étude réalisée par la DTP.” Concernant la rentabilité du pont, autre argument brandi à la défaveur du projet par la direction des travaux publics, le premier responsable de la commune de Chigara estime qu'on est en présence d'opinions n'ayant aucun fondement, formulées empiriquement par des gens qui connaissent très mal la région ou qui veulent laisser la commune de Chigara dans son état d'isolement actuel pour des raisons inavouées. En effet, le pont revendiqué ne serait ni inutile ni de faible rendement si l'on sait que les deux communes de Chigara et de Sidi Merouane comptent, à elles seules, près de 50 000 habitants, sans parler des horizons que cette liaison terrestre pourrait ouvrir au profit des communes et des localités limitrophes telles que Bainan et Zeghaia. Il est à souligner que cette situation est vécue comme une blessure par les populations des deux communes concernées qui relèvent de la même administration depuis pratiquement l'année 1886, et entretiennent de solides rapports familiaux, commerciaux et autres. Aussi, ne jurent-elles que par le rétablissement de la liaison terrestre entre les deux rives d'oued Endja, cet affluent de Beni Haroun, devenu infranchissable depuis la mise à l'eau, en septembre 2003, du gigantesque barrage. Pis, des dizaines de familles ont, depuis, opté pour l'exode dans la commune montagneuse de Chigara. Fuyant l'isolement, celles-ci sont allées trouver refuge sous d'autres cieux, élisant domicile dans les périphéries des villes comme Grarem, Mila, Sidi Merouane et même plus loin, ce qui autorise à dire qu'un jour ou l'autre, Chigara se viderait de sa population si la présente situation perdurait. K. Bouabdellah