Le chanteur engagé Boudjemaâ Agraw, également délégué du mouvement citoyen de Kabylie, vient d'échapper de justesse à la mort. En effet, une alerte a été donnée par les services de sécurité de la wilaya de Tizi Ouzou, selon laquelle une voiture ayant les mêmes caractéristiques (marque, couleur, immatriculation...) que celle de cet artiste a été signalée comme étant “un véhicule suspect occupé par des éléments dangereux et armés qui, après avoir franchi le barrage de police de Oued Aïssi, ont ouvert le feu.” Dans l'après-midi de la journée du mercredi 25 juin dernier, vers 15h30, Boudjemaâ Agraw et ses deux compagnons ont été surpris de constater la présence d'un impressionnant dispositif sécuritaire qui les attendait à la sortie Est de la ville d'Azazga, alors qu'ils étaient de retour de Taourirt Moussa (Béni-Douala), où ils ont assisté aux festivités commémoratives organisées à l'occasion du 5e anniversaire de l'assassinat du chanteur Matoub Lounès. Après avoir été interceptée par cette patrouille de police en alerte, la Renault Scénic de l'artiste sera immédiatement prise pour cible. Cependant, la perspicacité des éléments des services de sûreté et le sang-froid des passagers ont évité le pire. Conduits au commissariat d'Azazga, le chanteur Boudjemaâ Agraw et ses deux amis ont été informés de l'existence d'une alerte contre un véhicule ayant les mêmes caractéristiques que le sien. Après vérifications, les services de police ont pu démasquer la fausseté de cette alerte. Visiblement ébahi par ce qu'il qualifie de “scénario digne d'un film policier hollywoodien”, l'artiste délégué de Béjaïa se déclare “décidé à entreprendre toute démarche qui pourrait faire la lumière sur cette affaire”. “Erreur professionnelle ou complot contre ce chanteur engagé ?”, s'interrogent certains observateurs politiques locaux qui n'excluent pas “une volonté délibérée de replonger la région de Kabylie dans un autre embrasement, comme ce fut le cas à la suite de l'assassinat de Matoub Lounès durant l'été 1998”. K. O.