Lui qui se voyait dans la peau d'un candidat à l'élection présidentielle de 2014 devrait, une fois remis du choc de cette scission, méditer son soutien inconditionnel au président Bouteflika. Prévisible depuis la mort de Mahfoud Nahnah, mais reportée à maintes reprises, l'implosion du MSP a fini par emporter les dernières illusions d'un islamisme politique “fréquentable”. La scission annoncée par les partisans de Abdelmadjid Menasra a désarçonné l'actuel leader du MSP, Abou Djerra Soltani, occupé à suivre de près l'élection présidentielle et à tirer des plans sur la comète au sujet des dividendes attendus de son soutien sans faille au président Bouteflika. Le divorce consommé entre les protagonistes du mouvement islamiste n'est pas une simple affaire organique. Il aura des répercussions profondes sur le mouvement et même sur toute la mouvance islamiste. Déjà, 28 députés ont annoncé leur démission du parti, ce qui leur permettrait de constituer un groupe parlementaire et affaiblirait le groupe resté fidèle à Soltani (23 députés au total). Même si l'alliance reste majoritaire au Parlement, cette scission ne manquera pas de l'affaiblir dans la mesure où elle renforce les rangs de l'opposition dans le Parlement. Mais le timing choisi par les adversaires de Soltani pour annoncer leur divorce n'est pas fortuit et conforte la thèse selon laquelle l'Alliance présidentielle aura fait son temps, et que le quinquennat qui s'ouvre donnera lieu à la naissance d'une nouvelle classe politique. Connaissant la nature entriste du mouvement fondé par Mahfoud Nahnah, il est étonnant que cette annonce ne soit faite par Menasra sans avoir reçu, au préalable, des garanties en haut lieu. Si cette thèse se vérifiait, il faudrait s'attendre, alors à l'enterrement de l'Alliance présidentielle et à des jours sombres, notamment pour le FLN où la succession de Abdelaziz Belkhadem pose un sérieux problème. Il va sans dire que la déconfiture du MSP vient de sonner le glas de l'islamisme politique. Ainsi, après toutes les déconvenues subies par Abdallah Djaballah, à la tête d'Ennahda, puis El- Islah, avec tout ce que cela a suscité comme appétit de la part de ses lieutenants, c'est au tour du dernier rempart de l'islamisme modéré de céder devant les vagues des cadres impatients de prendre des parts plus importantes du gâteau du pouvoir. Le nouveau mouvement, appelé “pour la prédication et le changement”, devrait bénéficier d'un agrément au même titre que le parti de Mohamed Saïd (PJL), ou encore celui de Amara Benyounès (UDR). Une nouvelle carte politique commence à se dessiner, même s'il reste encore difficile de parier sur son devenir, sachant que, pour le moment, ces partis ne disposent d'aucune assise populaire. Abou Djerra Soltani, qui se voyait déjà dans la peau d'un candidat à l'élection présidentielle de 2014, devrait, une fois remis du choc de cette scission douloureuse, méditer son soutien inconditionnel et songer à survivre, au moins jusqu'en 2014. Azzeddine Bensouiah