Il est peut-être temps de trouver le bon cap pour le bateau Algérie qui ne finit pas de tanguer au gré des humeurs des uns et des autres et d'une région à une autre. L'entrée du président de la République dans l'enceinte de l'historique Palais des Nations pour la prestation de serment a surpris plus d'un, y compris les organisateurs. Il a fait son apparition, précédé de trois de ses prédécesseurs à la magistrature suprême. Ahmed Ben Bella, Chadli Bendjedid et Ali Kafi. Une seule absence remarquée, celle de Liamine Zeroual. Il n'empêche que cette photo de famille des présidents encore en vie a été relevée et peut être décryptée comme le premier geste de réconciliation des Algériens avec, d'abord, eux-mêmes. Surtout quand le signal vient de ce côté du pouvoir où les animosités n'ont pas été enterrées ni les rancunes digérées depuis les années de la Révolution et de l'après-Indépendance. Par ce geste qui revêt une grandeur humaniste, surtout s'il s'inscrit dans la sincérité, le Président actuel ne s'en trouvera que grandi. Le geste décline aussi, de facto, son intime conviction que ce troisième mandat, dont il vient d'être investi, sera celui d'un nouveau départ pour cette Algérie trop meurtrie par les siens et malmenée par les autres. Il est peut-être temps de trouver le bon cap pour le bateau Algérie qui ne finit pas de tanguer au gré des humeurs des uns et des autres et d'une région à une autre. La cérémonie était empreinte de sobriété et de sérénité, ponctuée par un discours programme d'un Président qui n'a pas usé de digressions ; signe que les temps ont changé et que le pays a besoin qu'on s'en occupe. Depuis hier, en tout cas, les promesses du candidat Bouteflika se sont transformées en actions à concrétiser par le chef de l'Etat qu'il est redevenu. Les défis sont nombreux et lourde sera la charge du mandat. Pour cela, des hommes nouveaux sont à investir d'un seul cahier des charges, celui de la compétence et du travail. Pour qu'enfin l'Algérie puisse entrer dans la normalité, à l'image d'autres pays qui n'ont pas forcément nos atouts et qui ont réussi à se libérer de la suspicion et à accorder à l'esprit d'initiative une place méritoire. Il revient à l'opposition la lourde tâche de contrôler et de proposer mieux en matière de stratégie et de gestion pour prétendre à la succession, et à la presse, pas seulement écrite, de dénoncer les dépassements d'où qu'ils viennent. C'est tout le bien que souhaitent les citoyens qui se sont déplacés aux urnes parce qu'ils n'ont pas un autre pays de rechange. O. A.