L'ANP, issue de la glorieuse ALN, aura vécu de forts et grands moments dans le changement, la mutation et la professionnalisation au service de l'Algérie. Le premier contingent de l'Armée nationale populaire célèbre ses 40 ans. Institué sur la base de l'ordonnance n°68-82 du 16 avril 1968, complétée par l'ordonnance n°69-6 du 18 février 1969, comme le rapporte la revue El-Djeïch (n°549), le Service national, appelé communément le Devoir national, ou encore le Service militaire pour reprendre le jargon universel des soldats, est officiellement entré en vigueur au mois d'avril 1969. Le premier contingent venait d'être convoqué. Les premiers hommes à accomplir le devoir national venait de recevoir leur ordre d'appel afin de rejoindre les unités et structures de l'ANP implantées sur l'ensemble du territoire national, et ce, conformément à la charte du Service national adoptée par le conseil de la Révolution. Fixé à 24 mois, ce passage est devenu une obligation pour tous les Algériens ayant 19 ans révolus et bénéficiant d'une bonne aptitude physique et de bonnes facultés mentales. Garant de l'existence de la nation et des acquis de la Révolution algérienne, cadre approprié pour l'épanouissement de la jeunesse algérienne, engagée ou incorporée d'office pour une durée de 24 mois, mais surtout véritable pépinière du patriotisme et du dévouement au pays, le Service national est devenu la pierre angulaire de toutes les grandes réalisations qu'a connues l'Algérie postcoloniale. C'est dire que le jeune appelé sous les couleurs nationales, y compris celui qui bénéficie du service civil après une formation militaire rigoureuse, est responsabilisé dès son incorporation, voire dès son premier jour dans la caserne. À peine le processus de conversion parachevé, en passant de l'Armée de libération nationale (ALN) à l'Armée nationale populaire (ANP), que la jeunesse algérienne était appelée à participer activement à l'édification nationale. D'une armée anticoloniale à une armée de professions, cette institution, qui a par ailleurs constitué le nerf de l'Algérie indépendante, a connu de grandes étapes dans son évolution, de grands moments historiques, mais aussi participé activement à édifier et à préserver un pays qui venait juste de se libérer de 130 ans de colonisation. Du coup, l'ANP aura passé des années à lutter contre l'analphabétisme et l'avancée du désert, à l'édification d'infrastructures lourdes et d'œuvres d'envergure nationale, comme le désenclavement des régions éloignées, les campagnes sanitaires, la formation professionnelle et la modernisation de l'Algérie indépendante. L'antiterrorisme, les inondations, la professionnalisation et le reste Le découpage du territoire national en six principales régions militaires aura facilité la tâche à l'ANP afin de canaliser ses compétences, surtout ses ressources humaines sur lesquelles était jeté le dévolu. Le maillage de l'ANP aura ainsi donné un plan de vue à une Algérie “Une et indivisible”, à un pays qui se construit et qui avance. Pour preuve, cette même jeunesse, autrefois appelée à suer le maillot pour édifier un pays, a consenti d'énormes efforts dans la défense nationale. En témoigne la décennie rouge quand toute la nation était plongée dans la lutte antiterroriste au lendemain de l'arrêt du processus électoral en janvier 1991. L'implication directe et sans faille de l'ANP dans la lutte antiterroriste, la défense nationale et territoriale durant les années de braise demeure une autre empreinte historique de ce qu'a donné cette institution conformément au statut que lui confère la Constitution. Ceci étant dit, l'ANP a également fait preuve de présence lors des sinistres qui ont secoué l'Algérie, comme le séisme du 10 octobre 1980, le séisme du 21 mai 2003, l'isolement de la Kabylie par les neiges en 2003-2004, les inondations du 11 novembre 2001 et les inondations de Ghardaïa en 2008, pour ne citer que ces cas majeurs. Ces œuvres et bien d'autres ont toujours été mises en évidence lors des Journées portes ouvertes qu'organise le ministère de la Défense nationale à travers la direction du Service national. C'est que l'œuvre de la professionnalisation de l'ANP se poursuit, un processus de longue haleine, pour toucher l'ensemble des structures. D'où l'ouverture de grandes écoles à la communication externe, d'une part, et la réduction de la durée du Service national à 18 mois après l'adoption d'un texte de loi le 15 janvier 1990 par l'Assemblée populaire nationale (APN) et ce, en plus de la mesure de dispenser, durant la même période des centaines de jeunes du Devoir national. Ces changements et bien d'autres ne s'arrêteront pas là puisque le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a déclaré, au lendemain de son investiture en 1999 pour son premier mandat, que près de 800 000 jeunes allaient bénéficier du Livret militaire, et par ricochet allaient être dispensés du Service national. Promesse faite, des dispositions pratiques ont été prises pour ainsi exclure des centaines de milliers de jeunes sursitaires, insoumis et autres en instance d'incorporation. En 2008, une instruction gouvernementale viendra mettre fin à l'obligation de présenter un justificatif vis-à-vis du Service national pour compléter un dossier de recrutement. Idem pour quitter le territoire national. Dans le même sillage, il a été arrêté l'obligation aux entreprises et aux administrations la réintégration de tout citoyen après l'accomplissement de son Service national. Autant d'étapes et bien d'autres que l'ANP, issue de la glorieuse ALN, aura vécues dans le changement, la mutation et la professionnalisation au service de l'Algérie. FARID BELGACEM