“Pour moi, ce livre est une œuvre majeure. En le lisant, j'ai eu l'impression que de toute ma vie de cinéaste, j'ai attendu cette histoire. Et que tous les films que j'ai faits comme le Coup de Siroco, le Grand carnaval… ont été des préparations. L'adaptation sera, tout comme le roman, un film d'amour pour ce pays avec ses ruptures, ses cicatrices, mais sans animosité. Cette aventure cinématographique permet de créer un pont entre les deux pays… Alors oui !” C'est en ces termes que s'est exprimé le cinéaste Alexandre Arcady, lors de sa conférence de presse, tenue vendredi soir à l'hôtel Royal à Oran. En effet, le réalisateur, natif de La Casbah d'Alger, va très prochainement adapter au cinéma Ce que le jour doit à la nuit, le dernier roman de Yasmina Khadra présent à ses côtés. Parmi les nombreuses personnes qui accompagnaient le réalisateur dans ce voyage, plusieurs membres de l'équipe de tournage, ainsi que la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, Fadéla Amara (d'origine algérienne) venue, dit-elle, pour “appuyer ce projet”. Ces jours-ci, les premiers repérages se dérouleront sur les lieux mêmes qui ont inspiré le roman, à savoir le village d'El-Melah (ex-Rio Salado). À cet effet, le réalisateur expliquera que le film aura une durée de plus de deux heures et une version de trois épisodes pour le compte de la télévision puisque France Télévision est impliquée dans le projet. Le réalisateur confirmera encore qu'il s'agira d'une coproduction franco-algérienne, une façon de signifier l'importance de ce film comme un engagement entre des hommes et des femmes aimant un même pays. Le tournage qui devrait démarrer vers la fin de l'année 2010 sera tourné en extérieur dans la région d'Oran et une autre partie du tournage dans les studios tunisiens de Tarek Ben Ammar. Si pour l'heure, le budget de la production est de 17 millions d'euros, de nombreuses vedettes de cinéma ont déjà manifesté leur souhait de faire partie du casting, à l'image de l'actrice Isabelle Adjani. Tout au long de sa conférence de presse, Alexandre Arcady n'aura de cesse de dire combien l'Algérie est dans son cœur. Le réalisateur n'omettra pas d'exprimer sa conviction profonde “les politiques doivent comprendre qu'il y a certes des ruptures mais que l'on peut les dépasser, pour moi qui suis un enfant de La Casbah, notre histoire d'homme est forgé par notre pays, les émotions, les odeurs, les souvenirs sont ancrés dans ce pays l'Algérie…” Et d'évoquer un rêve : “Un jour, j'ai rêvé pourquoi ne pas abolir les visas pour les natifs de ce pays et leurs descendants !” Le réalisateur s'adressant à Yasmina Khadra le remerciera d'avoir accepté de le laisser faire le film en déclarant : “Je réalise ce film, moi, un Français de ce pays d'origine juive et c'est là le symbole d'une belle union. C'est ainsi que j'imagine les rapports avec l'Algérie !” Djamila Loukil