Le chef de l'Etat décoche une flèche à l'adresse de Barkat et reconnaît la faute humaine dans la dernière catastrophe qui a ébranlé Alger et Boumerdès. Après avoir été avare de déclarations et de commentaires durant ses dernières sorties à l'intérieur du pays, le président Abdelaziz Bouteflika s'est adonné hier, dans la wilaya d'El-Tarf, à des critiques auxquelles n'a pas échappé le ministre de l'Agriculture, pourtant parti pour être un de ses hommes. D'ailleurs, l'absence, hier, de Saïd Barkat parmi la délégation présidentielle a laissé traîner une rumeur selon laquelle ce dernier, comme Hadjar, ne serait plus dans les grâces du Président. Ainsi sur le site, la mise en valeur des terres agricoles de Matrouha, Bouteflika, l'initiateur du programme de relance économique axé essentiellement sur le programme de soutien à l'agriculture et au monde rural à travers le FNDRA, a pris à témoin la population quant à l'échec de ce programme, du moins dans la wilaya d'El-Tarf. Le Président a plaidé pour une révision du programme de soutien à l'agriculture jugeant que l'Etat ne peut plus continuer à encourager une politique devenue une source de rente à distribuer à de faux investisseurs qui profitent pour dilapider les deniers de l'Etat. Selon le Président, qui reste attaché à son programme, l'échec se situe à trois niveaux. Il y a le nombre des projets qui reste faible, l'incidence quasi nulle des programmes lancés sur la création d'emplois permanents et, enfin, le secteur est resté toujours rentier et non créateur de richesses et de ressources fiscales alors que des sommes faramineuses ont été injectées. Bouteflika a appuyé son argumentaire par un “il est temps que les bénéficiaires renvoient l'ascenseur”. Traitant du bâtiment, le Président a été ferme en affirmant que le dispositif de contrôle du bâti est obsolète. “On n'a pas un organisme de contrôle technique qui pourrait servir d'organisme de contrôle”, martèlera-t-il à l'adresse de l'assistance. Une façon d'admettre, officiellement, que la faute humaine est pour beaucoup dans le lourd bilan du dernier séisme qui a touché le centre du pays. Mais le Président a déjà habitué ses différents auditoires, notamment durant la première année de son investiture, par des constats cassant des tabous, sans toutefois aller au-delà du diagnostic. Hier, à El-Tarf, Bouteflika a parlé tout en restant mué sur des questions de l'heure comme son engagement, après celui de son Premier ministre, sur la question de la Kabylie. M. K.