Devant tant d'anomalies et de gâchis, les citoyens désespérés ne comprennent pas que le président Bouteflika ne puisse pas sévir. Ils attendent des mesures, des relances, des corrections et aussi un bon coup de pied dans la fourmilière des rentiers et des profiteurs. Le point fort de l'intervention du président Bouteflika devant la rencontre gouvernement-walis reste sans conteste les flèches décochées en direction des personnalités qui se targuent de posséder des documents compromettants sur tel ou tel haut cadre de l'Etat. Pour les déclarations de la semaine dernière, celui qui a défrayé la chronique n'est autre qu'un ministre d'Etat et, de surcroît, conseiller du président de la République. Et lorsque l'on sait qu'il est aussi président du MSP, un parti de la coalition au pouvoir, l'on reste coi, et dubitatif devant une telle initiative pour le moins hasardeuse. Les réponses du Président furent cinglantes, non seulement à l'adresse d'Abou Djerra Soltani, qu'il ne citera d'ailleurs à aucun moment, mais aussi à destination de tous ceux qui, de temps à autre, jouent au maître chanteur. Exit donc ce type de marchandage ! Maintenant, il est du devoir de chaque personne détenant des dossiers compromettants et pouvant participer à la lutte contre la corruption de les remettre aux services compétents de la justice. Pour cela, il n'est nul besoin d'autorisation, et l'action qui ne “doit conduire ni à la délation ni à des règlements de compte” serait une véritable œuvre d'assainissement et un coup à la “tchipa” aux commissions occultes sur les marchés, à toutes sortes de dessous de table et aux détournements de deniers publics. Le combat contre ce mal concerne tout le monde, et chacun doit s'y mettre. Mais il est aussi important de ne pas faire dans la surenchère, de salir injustement notre pays et de faire fuir les investisseurs. Dans le discours, surtout lorsque le Président improvisera, il a, à chaque fois, abordé des thèmes majeurs tels que le système éducatif, les programmes qui souffrent du mauvais enseignement de certaines matières, etc., comme il a relevé toutes les déperditions qui surviennent tout au long des cycles primaire, secondaire, et surtout universitaire. Combien sont-ils qui, en fin de leur cursus, et bardés de diplômes, se retrouvent au chômage, livrés à un avenir incertain ? Evidemment lorsque l'opportunité se présente d'aller “voir” ailleurs, ils n'hésitent pas à entamer des périples autour de la Terre, à la recherche d'un emploi, d'une vie même au rabais. Il ne sert à rien de se voiler la face parce que c'est souvent le cas. Le Président admettra avec amertume que l'université délivre des diplômes et non des métiers. Le chef de l'Etat a ouvertement critiqué les textes de loi qui remontent aux années soixante et notamment le code des APC qui continue à régir la vie des citoyens !? Quant aux élus, c'est une autre affaire, puisqu'il est plus facile aujourd'hui de toucher la Maison-Blanche et le Kremlin qu'un président d'APC. C'est le chef de l'Etat lui-même qui l'a avoué tout en précisant qu'il est encore plus facile de le joindre lui-même qu'un élu du peuple. Le Président a également fait état des efforts dans l'investissement. Et de citer les sommes colossales qui sont allouées aux programmes de développement. Dans ce chapitre, le message à l'endroit du secteur privé n'était pas pressant et ne promettait pas de satisfaire leurs doléances. Il faut reconnaître que le Président a quand même encouragé les détenteurs de capitaux à l'extérieur de les rapatrier et de transférer les bénéfices sans aucun risque. Personne ne peut nier que le capital privé peut jouer un rôle important pour peu qu'on lui facilite la tâche et qu'on le laisse travailler en dehors des turbulences. De même, il mentionnera tout au long de son intervention les dysfonctionnements et les blocages qui ne disent pas leurs noms. Le Président a montré à l'assistance qu'il sait et que l'on ne peut pas lui faire prendre des vessies pour des lanternes. C'est dire que le Président n'est pas dupe. Devant tant d'anomalies et de gâchis, les citoyens désespérés ne comprennent pas que le président Bouteflika ne puisse pas sévir. Ils attendent des mesures, des relances, des corrections et aussi un bon coup de pied dans la fourmilière des rentiers et des profiteurs. Les cadres intègres et compétents même si ça ne court pas les rues, il s'en trouve dans le pays. Et s'ils nécessitent un complément de formation, il ne faut pas hésiter à la leur donner. A. O.