“Les Etats de l'Afrique du Nord entre les politiques de libéralisation économiques et l'ouverture politique” a été le thème d'une rencontre nationale de deux jours, organisée, hier, par le département des sciences politiques et des relations internationales de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le thème de cette rencontre, à laquelle ont pris part de nombreux universitaires et chercheurs, venus des quatre coins du pays, a été réparti en 24 conférences traitant de différents aspects liés aux stratégies, réformes et expériences économiques et politiques, au niveau interne et externe, menées par les pays de l'Afrique du Nord depuis leur indépendance. Ainsi, des sous-thèmes traitant de l'étroite relation entre l'économie et la politique, les réformes politiques, le libéralisme et les transformations connues dans les pays de l'Afrique du Nord ont été passés sous la loupe par les conférenciers. Développant une conférence intitulée “Plus d'Etat, moins d'Etat ou communauté d'Etat, un développement durable et citoyen d'Afrique du Nord ?”, le docteur Mohamed Rédha Mezoui, après avoir retracé les grandes étapes de la construction des Etats du Maghreb, a déclaré qu'“à chaque étape de leur construction, ces Etats du Maghreb font dans le copier-coller qui a fait d'eux des Etats artificiels”. Mais pour ce docteur à l'Université d'Alger, le danger est encore plus important aujourd'hui que ces pays veulent s'inscrire dans l'Union pour la Méditerranée, (UPM) et le Grand Moyen-Orient (GMO), desquels ils n'ont absolument rien à gagner. Abordant le volet lié à l'ouverture politique dans ces pays dans une conférence intitulée “Le leurre de la transformation de l'Etat dans la pratique maghrébine”, le docteur Kacher de l'Université de Tizi Ouzou a expliqué que “les pays maghrébins se sont adonnés à un jeu de modification successive de la loi fondamentale de leur pays dans le seul objectif de tromper leur société”. C'est ainsi d'ailleurs, précisera-t-il, que la Constitution a été modifiée 15 fois en Tunisie, 2 fois au Maroc et 8 fois en Algérie à l'effet de “garantir la stabilité gouvernementale” et le maintien des même dirigeants au pouvoir ; ce qui ne peut être interprété que comme une atteinte permanente au principe de l'alternance. Dans ce même sens, le docteur Kaïs Chérif de l'Université de Tizi Ouzou n'a pas été par mille chemins pour expliquer, lors de son intervention sur le pluralisme politique en Algérie, la régression enregistrée en Algérie en matière de pratique démocratique. Pour le conférencier, le pluralisme politique, déjà timide à sa naissance en 1989, n'a pas tardé à connaître des entraves d'ordre multiple qui l'ont réduit à son expression la plus simple. Après l'état d'urgence, la limitation des libertés syndicales et d'expression puis le refus, depuis l'année 2000, d'agréer de nouveaux partis politiques, voilà que la modification de la Constitution en novembre 2008 “vient porter un coup fatal au pluralisme en Algérie”.