La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a estimé hier que son absence à la cérémonie d'investiture du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui s'est déroulée au Palais des nations, était “un acte politique fondé”. Présidant l'ouverture des travaux d'une session ordinaire du Comité central de son parti, Mme Hanoune a expliqué son geste par le fait qu'elle conteste les résultats de l'élection du 9 avril, un scrutin marqué, a-t-elle rappelé, par “une fraude d'une ampleur sans précédent”. “Ces résultats n'ont aucun sens. Jusqu'à 16 heures (le jour du scrutin), aucun candidat n'a atteint plus de 40%”, a-t-elle insisté. Commentant la reconduction du gouvernement Ouyahia dans sa totalité, Mme Hanoune, visiblement très déçue par la décision de Bouteflika, a considéré qu'il s'agit là d'un “évènement politique lourd de sens”. “Certes, on ne s'attendait pas à une révolution, mais on pensait quand même que les choses allaient se passer autrement”, a-t-elle dit, qualifiant le gouvernement de “mélange étrange”. “Ce n'est pas une équipe, c'est un équilibre précaire”, a-t-elle ajouté, s'interrogeant longuement sur le contenu du communiqué de la présidence de la République justifiant le maintien du gouvernement Ouyahia par des considérations liées au “calendrier international” et aux “exigences internes”. Des arguments que la secrétaire générale du PT rejette en bloc. Pour elle, le chef de l'Etat “ne peut lutter contre les maux qui rongent le pays avec un gouvernement traversé par des contradictions, une Assemblée nationale fragile et une presse fermée au débat contradictoire”. Cela semble avoir amené Mme Hanoune à affirmer que l'Algérie est dans “une impasse politique”, lançant en même temps, un appel au président Bouteflika qui doit, selon elle, “réhabiliter l'Etat”. Les propos tenus ces derniers jours par le ministre des Finances, Karim Djoudi, à Washington, à l'occasion de la réunion du FMI et de la Banque mondiale, à propos des investissements étrangers, ont été considérés par Louisa Hanoune, comme contradictoires avec les mesures prises par le gouvernement Ouyahia. “Le gouvernement Ouyahia a pris des mesures que nous avons applaudies, mais le ministre des Finances est en train de les remettre en cause en tentant de rassurer les investisseurs étrangers, criant haut et fort que ces mesures ne seront pas appliquées avec effet rétroactif”, a-t-elle relevé, critiquant, dans le même ordre d'idées, la politique de gestion des réserves de changes que veut poursuivre le gouvernement. “Si l'Algérie offre ses réserves au FMI, ce sera un véritable coup de poker”, a-t-elle dit. Une fois n'est pas coutume, Mme Hanoune a invité hier les journalistes à assister, aujourd'hui, aux travaux de la session ordinaire du Comité central de son parti. La réunion sera principalement consacrée à la discussion du bilan de la participation du PT à l'élection présidentielle.