Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a pronostiqué que le chef du gouvernement finira par accepter le principe d'un Etat palestinien. “Je pense que pendant la visite de Netanyahu à Washington, Israël devra dire comment avancer, et cette formule ne proposera pas trois Etats pour huit peuples”, a-t-il déclaré sur un ton ironique au cours d'une interview accordée au quotidien Haaretz. Il laisse ainsi entendre que le Premier ministre israélien, hostile jusqu'ici à l'idée de la solution à deux Etats défendue vigoureusement par la nouvelle Administration américaine, céderait sur ce point à l'occasion de sa visite annoncée à Washington au cours des semaines prochaines. Netanyahu, qui n'a jamais envisagé dans ses propos qu'une autonomie économique des territoires palestiniens, a déjà opéré un premier repli tactique en acceptant le principe d'aborder les questions politiques avec Mahmoud Abbas. Le cabinet du Premier ministre n'a pas commenté les propos d'Ehud Barak, peu prolixe depuis son intégration controversée au gouvernement. Non seulement une source anonyme émanant de ce cabinet n'a pas démenti les commentaires du ministre travailliste de la Défense, mais elle a assuré qu'il existe une parfaite coordination entre lui et le chef du gouvernement. Tout se passe comme si le gouvernement israélien avait mis au point une stratégie de communication où les rôles sont minutieusement distribués pour donner, au final, une meilleure marge de manœuvre dans d'éventuelles négociations futures. Ainsi, les positions extrêmes du ministre des Affaires étrangères et les propos très durs du ministre de l'Environnement n'ont jamais été démentis, pas plus que ne le sont ceux, plus optimistes et plus récents, d'Ehud Barak. La technique consisterait à faire monter au créneau ses ministres les plus extrémistes et les plus conservateurs afin de faire craindre le pire pour l'avenir des négociations israélo-palestiniennes pour qu'ensuite, moyennant des concessions qui n'en sont pas, Netanyahu puisse apparaître comme un homme de bonne volonté. Le Premier ministre israélien a, de cette façon, mis à l'épreuve la détermination du président américain à promouvoir une solution à deux Etats et il sait que la nouvelle Administration de Washington ne cédera pas sur ce point. Dès lors, le pronostic du ministre israélien de la Défense de voir Netanyahou se rallier, à contre-cœur, à l'idée d'un Etat palestinien souverain à l'occasion de ses prochains entretiens avec Barack Obama est tout à fait plausible. Cela prendrait l'allure d'un “cadeau” fait au nouveau locataire de la Maison-Blanche, ce qui permettrait à la fois de lénifier des relations, quelque peu tendues ces dernières semaines, et de camper le plus longtemps possible sur des positions d'intransigeance sur d'autres sujets comme celui de la colonisation qui continue en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.