La police française est raciste. Les étrangers du Sud le savaient depuis longtemps et voilà que cette posture est confirmée par une instance française de contrôle indépendante, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (Cnds), dans un rapport sur "les violences et violations des droits commises par la police française envers les étrangers expulsables". La commission qui contredit les chiffres et arguments officiels, propagés par le ministère de la police, son homologue de l'Identité nationale, et le président de la république en personne, conclut sur la condamnation de la politique d'objectifs chiffrés en matière de reconduites à la frontière, à l'origine, selon elle, de violations des droits des étrangers. La Cnds, qui a enquêté dans quelques centres de rétention en France métropolitaine et dans ses territoires d'outre-mer, a relevé les irrégularités commises au nom de feuille de route et de quotas par la police et la gendarmerie sommées de faire du chiffre par leurs hiérarchies, à commencer par le locataire de l'Elysée qui, avant de parvenir là, officiait à la Place Beauvau en qualité de grand chef de la police. Les objectifs chiffrés ont pour conséquence une forte augmentation des placements en garde à vue, qui s'accompagnent souvent de fouilles à nu abusives et autres mesures coercitives non indispensables, a estimé la commission qui n'a pas osé parler de délit de faciès. Les travailleurs expulsables qui vivent le calvaire savent très bien à quoi s'en tenir devant un barrage de police. ça ne coupe jamais, ils sont interpellés, fouillés humiliés et très souvent conduits avec brutalité au commissariat pour être expulsés. La CNDS a constaté que la totalité des procédures menées contre les étrangers "illégaux" était irrégulière, car les droits des personnes ne sont ni respectés ni notifiés, ou qu'on leur impose d'y renoncer en leur faisant signer des documents préremplis. Le rapport parle de "déshumanisation, détentions arbitraires et conditions matérielles indignes" à propos de ces centres sans hygiène où les étrangers sont parqués par centaines, avec des enfants. On est loin de l'image propagée d'une France terre des droits de l'homme. Le syndicat de la police, Synergie officiers, un syndicat de la police proche, dit-on, de Nicolas Sarkozy, a réagi en rejetant les conclusions "délirantes d'une officine" et suggère à la Cnds de s'installer en banlieue. Par contre, L'Unsa police, indépendant, estime que les dossiers évoqués méritent d'être étudiés et affinés pour trouver des solutions. La Cnds est un mal nécessaire pour la police, nous avons besoin d'une entité indépendante, dit le Snop, autre syndicat d'officiers pas trop lié également aux hommes du pouvoir.