Nous sommes respectueux des lois de la République. A cet effet, nous ne comprenons pas pourquoi le chef du gouvernement parle, en évoquant les grèves observées par les syndicats autonomes, d'anarchie et de force. C'est au gouvernement de se conformer aux lois sociales en ouvrant les négociations », a indiqué Ali Boukroura, coordonnateur national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège du syndicat, juste après la réunion du bureau national. Ce dernier a procédé à l'évaluation de la journée nationale de protestation du 24 janvier dernier et du vote qui s'en est suivi pour décider d'une semaine de grève nationale. « Nous saluons la mobilisation exemplaire des enseignants du supérieur qui ont voté massivement en faveur de la semaine de grève. Plus de 70% du nombre d'adhérents ont participé au vote organisé lors de la journée de protestation et plus de 90% ont dit oui à la grève », a relevé l'orateur qui annonce donc une grève générale dans tous les campus pour la semaine du 25 février au 2 mars prochains. La base a voté pour cette action, toutefois, il est utile de souligner que le conseil national du CNES doit se réunir pour la consolidation du vote et la proclamation des résultats. « C'est une procédure statutaire interne au CNES. Une fois cette opération accomplie -c'est-à-dire une semaine après-, nous déposerons un préavis de grève au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur », a affirmé le conférencier. Revenant sur les déclarations de M. Ouyahia, M. Boukroura rappellera qu'en 1996, le CNES avait observé une grève qui a duré trois mois. A l'époque, le même chef du gouvernement avait déclaré que les revendications du CNES étaient légitimes, mais inopportunes car l'Algérie se portait très mal. Dix ans après, M. Ouyahia estime que les revendications des syndicats relatives à l'augmentation des salaires sont pressantes, mais illégitimes. « Ce n'est pas un argument, car l'augmentation des salaires s'impose. Le chef du gouvernement a l'art de semer et d'enrichir le désespoir et la dépression. Avec de tels propos, M. Ouyahia pousse les enseignants universitaires à partir vers d'autres cieux », martèlera l'orateur qui regrette que durant la période allant de 2001à 2002, plus de 500 enseignants universitaires en activité ont quitté le pays pour le Moyen-Orient, le Canada et l'Europe. Le premier responsable du CNES relève que la mobilisation des enseignants et des travailleurs s'explique par la dégradation dramatique de leur pouvoir d'achat et de leurs conditions de travail et de vie. Le bureau national du CNES demeure convaincu qu'une augmentation des salaires reste « nécessaire et inévitable ». Par ailleurs, le conférencier persiste pour dire que les négociations entre le ministère de tutelle et les représentants du syndicats ont échoué. « Auparavant, nous revendiquions un statut particulier de l'enseignant, mais les ministres qui se sont succédé à la tête de notre département étaient incapables de régler ce problème. Aujourd'hui, nous exigeons un statut spécifique et nous demandons à cet effet, l'intervention du premier magistrat du pays », a indiqué M. Boukroura. Les représentants du syndicat envisage d'interpeller le président de la République pour qu'il plaide en faveur des travailleurs qui réclament depuis de longues années une augmentation de salaires. « Le front social est en effervescence et le chef du gouvernement n'a nullement tenté d'apaiser cette situation, alors nous demandons l'arbitrage du premier magistrat du pays afin d'éviter une explosion sociale », a déclaré le conférencier. Signalons que le bureau national du CNES a décidé d'organiser, probablement, durant la semaine de grève, une conférence nationale sur la politique des salaires.