Après son déploiement - soigneusement calculé et médiatisé en 1991 dans la foulée de la guerre du Golfe -, dans le territoire du Sahara Occidental qu'elle avait, de la part du Conseil de Sécurité, l'impératif mandat de conduire à la liberté, le seul résultat, sûr et vérifiable, que la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara Occidental (Minurso) a enregistré et dont elle pourrait, indiscutablement, se prévaloir, est qu'elle a largement contribué à pourrir la situation dans le territoire sahraoui. Après dix-huit ans de présence dans la région, elle a discrédité, de manière irréversible, les Nations unies aux yeux d'un peuple qui a fondé, jusqu'à tout récemment, de grands espoirs sur sa capacité à le restaurer dans ses droits. En clair, la Minurso a piteusement failli à sa mission. Docile devant la puissance coloniale marocaine et soumise à ses ordres, la Minurso s'est montrée lamentablement impuissante à honorer ses engagements et à organiser le référendum d'autodétermination. Celui-ci devait donner, dans les mois ayant suivi son déploiement dans l'ex-colonie espagnole, la possibilité au peuple sahraoui de disposer librement de son devenir. Plus grave, la Minurso s'est détournée de sa mission première, consistant à aider au parachèvement de la décolonisation du Sahara Occidental, dernière colonie en Afrique. Elle s'est muée, avec les années, en force auxiliaire qui seconde l'armée marocaine dans ses tâches quotidiennes de maintien de l'ordre colonial. N'ayant plus d'ambition ou de tâche précise à réaliser, exceptée celle d'aider l'occupant marocain à neutraliser les combattants sahraouis, en vue d'obliger progressivement le peuple sahraoui à accepter le fait accompli colonial, la Minurso est devenue -c'est un constat qui participe de l'évidence pour tous les observateurs vigilants du dossier sahraoui- un insupportable fardeau pour la communauté internationale et pour les Sahraouis. Refusant catégoriquement de prendre en charge, comme l'y invitent régulièrement et urgemment de nombreuses organisations humanitaires et des droits de l'homme, la défense de milliers de civils sahraouis, victimes de l'arbitraire du Makhzen, la Minurso n'a plus rien à faire chez nous, au Sahara Occidental. Dans l'intérêt de ses commanditaires, elle doit, au plus vite, quitter le territoire sahraoui. B. M. S. (*)Président du Centre de Saguiat al Hamra et Rio d'Oro pour les études stratégiques politiques.