La cité Fettal de Béni-Mered, à quelque 7 km de Blida, a connu des scènes émouvantes tout le long de la journée d'hier, suite au crash d'un avion militaire de type Hercule 130, qui survolait cette localité en basse altitude. Le bilan annoncé par le commandant de la base aérienne de Boufarik est de 15 morts, dont 4 font partie de l'équipage. La situation sur les lieux était presque indescriptible à cause de la panique quasi-générale qui avait régné sur place. Personne ne savait quoi faire et avec qui le faire. Les autorités militaires et civiles dépêchées sur les lieux dès les premières heures du crash avaient beaucoup de mal à mettre sur pied un plan de secours organisé. Un adjudant de la Gendarmerie nationale avait opposé, dans un premier temps, un niet catégorique à un haut officier de l'ANP qui essayait d'aider les journalistes à voir de plus près l'avion écrasé. Il a fallu qu'il le sensibilise dans un petit coin pour le faire revenir à de meilleurs sentiments. Lorsque le passage nous a été cédé au couloir formant la tombe du C130, une fumée noire se dégageait encore des 7 villas complètement endommagées, et nous reconnaissions à peine l'aile et quelques débris de l'avant de l'avion totalement calciné. “Il s'est coupé en deux, tout comme le Titanic”, nous disait un élément de la Protection civile. Un citoyen de ladite cité, visiblement sous le choc, nous racontait les dernières secondes de “la vie” du C130 : “Il survolait notre cité à basse altitude et bien avant son écrasement, le feu avait déjà ravagé les réacteurs”. De l'autre côté du bloc, des hommes et des femmes sanglotaient et réclamaient qu'on leur cède le passage pour s'enquérir de l'état de leurs proches. Il faut dire que les hommes postés aux abords du cordon de sécurité n'étaient guère sensibles à leurs sollicitations. “Nous avons reçu des ordres, foutez-le-camp d'ici”, disait la plupart d'entre-eux. Il était 14h45 lorsque le colonel Mohamed Hammadi, commandant de la base aérienne de Boufarik, faisait son apparition sur les lieux, coordonnant, avec le lieutenant-colonel Sbaâ de la Ire Région militaire. Hammadi donne un point de presse où il déclare d'emblée que “l'équipe de l'avion Hercule 130 avait acquis une grande expérience dans le domaine”. Il étala ainsi le CV des quatre officiers décédés, à savoir le lieutenant-colonel Abdessalam Hamdane qui comptabilisait 10 000 heures de vol et qui était entraîneur-instructeur, le lieutenant Belkadi 1 700 heures, le commandant Ghomri 5 000 heures et l'adjudant Chatoui Réda, le loadmaster, 5 000 heures de vol aussi. Le colonel Hammadi faisait savoir à la corporation que “l'avion effectuait une séance d'entraînement habituelle, où il s'est d'abord dirigé vers Médéa, et il est revenu à la base pour qu'il reparte ensuite pour un deuxième vol, et à la descente une défaillance technique a provoqué le drame”. En outre, l'orateur nous a précisé que l'appareil est en circulation “depuis 20 ans et que les derniers contrôle et inspection effectués sur l'avion remontent à 5 mois”. Ce douloureux accident qui survient à trois mois seulement après celui de Tamanrasset, où une centaine de personnes avait trouvé la mort, remet sur le tapis et avec acuité la problématique de la sécurité aérienne, mais à un degré plus élevé, l'urgence de procéder au passage au scanner de toute la flotte aérienne. À noter, enfin, qu'au moment où nous mettons sous presse, les 5 blessés évacués à l'hôpital Ferroudja sont hors de danger. S. B.