Face à une Union européenne se voulant offensive afin de contrer les avancées de ses concurrents que sont notamment les USA, la Chine, l'Inde, une prise de conscience s'impose pour chaque pays afin de ne pas demeurer seulement comme un enjeu stratégique du moment. De plus, considérant tout autant le processus de mondialisation s'opérant depuis quelques années et les contre-effets de l'actuelle crise économique internationale, de se dire qu'un nouveau pan de l'histoire du monde serait en train de s'amorcer et qu'il appartient à chaque pays de ne pas demeurer en plus grand retard qu'il ne l'est déjà. À l'évidence, compte tenu de la nouvelle donne géopolique et géostratégique se profilant, et dont on ignore tout des possibles effets bénéfiques ou négatifs, il appartient à l'Algérie et à ses voisins de ne plus être, seulement, des enjeux stratégiques entre les puissants du moment. Plus loin que cette Union pour la Méditerranée (UPM), censée venir combler le retard, pour ne pas dire l'échec, du processus de Barcelone en matière de mise en œuvre d'un partenariat multiforme entre les deux rives de la Méditerranée, il est urgent, aujourd'hui, que les pays du Maghreb prennent une décision commune et radicale les amenant à dépasser leur accord d'association respectif passé avec l'UE, et dont il leur reste à mesurer les réels effets bénéfiques en termes de développement économique. Comme jamais les gouvernants du Maghreb sont interpellés pour bien prendre en main leur destin commun, Alger, Rabat, Tunis, Tripoli et Nouakchott se devant de déterminer une démarche commune et susceptible de mener, enfin, à cette union maghrébine tant espérée et attendue par les peuples de la région… Union restant à concevoir dans un cadre futuriste ; économique dans un premier temps et afin de parvenir plus aisément au règlement des différends politiques hérités d'un tout autre temps, car seul un Maghreb moderne et moderniste, conscient de ses multiples potentialités, sera à même de répondre aux aspirations légitimes de ses populations, car les pays de la rive sud-méditerranéenne s'estiment lésés sur de nombreux points, en leur qualité de partenaires ouverts à l'Europe. Et à ce propos, d'établir que c'est au niveau de l'observation économique que citoyens et politiques maghrébins ont à établir certaines comparaisons entre l'Union européenne continuant de se développer et de se renforcer malgré certains aléas politiques et un Maghreb, dont l'unification sous quelque aspect qu'il soit demeure au stade de l'intention. En cela, il y aurait comme une lacune politique très grave car, au terme d'un demi-siècle, cette idée d'union en est toujours au point de l'intention, alors que le marché de l'Afrique du Nord englobe, à cette heure, 90 millions de consommateurs ; ouvert, à l'Est, sur l'égypte et les autres pays arabes, au Sud sur l'afrique de l'Ouest avec ce que cela peut laisser présager de coopération spécifique et profitable à tous. Et alors que le possible marché commun maghrébin est plus que jamais incité par cette forte propension de l'Union européenne à se préserver en Méditerranée par un toujours plus fort rapprochement politico-économique avec les pays du Maghreb, il s'agirait de bien prendre en compte le fait que l'attitude européenne est dictée par une toute autre avancée des USA au Proche-Orient et l'intérêt nouveau et prononcé de Washington pour le Maghreb et les pays du Sahel. L. R. A.