Des 21 interventions des spécialistes, présentées au 8e congrès de l'Association nationale des allergologues privés, trois ont été consacrées à l'allergie alimentaire. Dr Martine Morisset, du service médecine interne, immunologie clinique et allergologie au CHU Nancy, affirme que “sujet quasi anecdotique il y a 30 ans, l'allergie alimentaire a pris une place importante non seulement en santé publique, mais aussi dans l'industrie agro alimentaire ". Elle donne, à l'occasion, une définition simple de la pathologie, qui n'est que le “résultat d'une anormale réaction du système immunitaire vis-à-vis d'un antigène naturel sous l'interaction de l'environnement et d'un terrain génétique particulier ". La conférencière s'est référée à une étude du " cercle d'investigations cliniques et biologiques en allergies alimentaires ", pour attester que la dermatite atopique (forme d'eczéma) est la principale manifestation de l'allergie alimentaire chez les enfants âgés de moins de 3 ans. Au fur et à mesure que le gosse avance dans l'âge, “les tableaux cliniques se diversifient en urticaire, syndrome orale, angioedème, manifestations respiratoires…”, explique la praticienne. Dr. Habib Chabane, allergologue exerçant dans un hôpital parisien, soutient que l'allergie alimentaire est 2 à 3 fois plus fréquente chez l'enfant par rapport à l'adulte. Mais peu d'entre eux développent réellement une anaphylaxie, c'est-à-dire une réaction allergique grave provoquée par une exposition à un allergène tel que certains aliments ou médicaments. Chez les gosses, les principales sources d'allergies alimentaires sont l'œuf, le lait, l'arachide (cacahouète.. .), les fruits secs à la coque comme les noix, le soja, le poisson, la farine de blé ainsi que certains fruits à l'instar de la fraise. C'est pour repérer les éventuels allergènes que les nutritionnistes conseillent, par ailleurs, d'introduire les produits un à un à l'entame de la diversification alimentaire du bébé. La prise en charge basique de l'allergie alimentaire, quand elle est dûment diagnostiquée, est de bannir de l'alimentation de l'enfant la substance incriminée. Les allergologues déterminent la source d'allergie par l'interrogatoire du patient (les dégoûts alimentaires de l'enfant peuvent révéler une allergie) ; l'enquête alimentaire (suivre l'alimentation du malade pendant une semaine) ; examen clinique, tests cutanés… Dr Chabane insiste, en outre, sur la nécessité de mettre en place un système d'urgences allergologiques en milieu scolaire, car la réaction allergique, assimilée à une urgence médicale, peut survenir à n'importe quel moment de la journée.