Le président nigérien ne veut pas être en reste de ce qui s'est passé autour de lui. Lui aussi va organiser un référendum pour contourner la Constitution et pouvoir ainsi garder le pouvoir après l'échéance de décembre prochain. Ses activités, juge son opposition, ne sont plus consacrées que pour cet objectif. D'abord, Mamadou Tandja a reçu fin avril les rebelles touaregs à qui il a demandé de déposer les armes en échange d'une amnistie. Une première depuis 2007 alors que jusque-là il refusait de dialoguer avec les “bandits de grands chemins et des trafiquants de drogue”. Juste après ce signe d'ouverture sur la rébellion touarègue, le président a lancé en fanfare les travaux de construction des infrastructures de la mine d'uranium d'Imouraren dans le nord du Niger, qui sera exploitée par Areva, le groupe français. Ce projet industriel devrait faire du Niger le deuxième producteur mondial d'uranium. Et après ces deux actions, le président nigérien a alors annoncé son intention de briguer un troisième mandat en dépit de l'interdiction de la Constitution qui ne prévoit que deux mandats présidentiels pour un même postulant. Le second mandat de Mamadou Tandja arrive à terme fin décembre 2009 mais celui-ci vient d'affirmer subitement qu'il rempilait à la demande de la population nigérienne. “Telle est la volonté des Nigériens” ! Un classique en Afrique, du déjà-entendu chez tous ces dirigeants dont l'écrasante majorité refuse de se plier à leur propre Constitution. À ce jour, seuls trois pays africains auront respecté leur Constitution. Le Ghana qui s'est révélé un modèle de démocratie dans le continent. L'Afrique du Sud où on devine que ce n'est pas possible tant que Mandela est en vie ; ce géant de l'Afrique s'étant contenté d'un seul mandat alors que la Constitution lui offrait la possibilité d'un second. Et enfin le Mali où ATT ne briguera pas un troisième mandat. Le président malien, Amadou Toumani Touré (ATT) ne se présentera pas à sa propre succession en 2012, au terme de son second mandat. En dépit des appels, supplications et manifestations de ses supporters pour faire comme ses pairs. ATT a, en tous les cas, affirmé devant le forum sur “la réflexion sur la démocratie” qu'il a initié lui-même à Bamako. Le Mali, parmi les plus pauvres en Afrique est plutôt préoccupé par la bonne gouvernance et le développement humain. Le président du Niger qui avait annoncé les retombées de l'accord avec la France sur le nucléaire (1 400 emplois directs et de nouvelles sources de revenus pour l'Etat du Niger) devait lâcher : “Je ne peux pas rester insensible à l'appel de mon peuple”. Ses fidèles soulignent à qui veut les entendre, pourquoi laisser partir Mamadou Tandja (70 ans passés), sous prétexte que la Constitution l'y contraint ? N'est-il pas le défenseur des intérêts économiques du Niger ? Et ils restent sourds au rappel qu'en quarante ans d'exploitation de son uranium par le groupe Areva, le Niger demeure l'un des pays les plus pauvres de la planète ! Mamadou Tandja a fait part de son ambition de rempiler devant la patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, et le secrétaire d'Etat français à la Coopération. “Le peuple demande que je reste, je ne peux pas rester insensible à son appel”, a-t-il martelé, soulignant que si la Constitution lui interdit ce troisième mandat, elle autorise un référendum. Et le tour sera joué. Pour l'opposition, Mamadou Tandja a mis en marche ses manœuvres pour se maintenir au pouvoir.