Le ministère de la Santé compte porter le nombre de médicaments interdits à l'importation à 700 d'ici à deux ans. Ce sont donc autant de dénominations communes internationales (DCI) dont la fabrication sera assurée par les producteurs locaux en Algérie. Actuellement, seuls 330 produits pharmaceutiques sont frappés par cette interdiction. Pourtant, la production nationale ne couvre que 30% des besoins du pays. Et pour assurer le reste, à savoir 70% de la demande, les pouvoirs publics recourent à l'étranger. Dans les deux années à venir, l'Etat compte inverser la tendance pour garantir une couverture de 70% de la consommation nationale en médicaments. Certains observateurs, optimistes, estiment que la production locale augmentera encore davantage d'ici à l'horizon 2012. D'autres, en revanche, plus réalistes, indiquent que la couverture des besoins par les nationaux ne dépasse pas les 20% avec 18 classes thérapeutiques. Au cours des 5es rencontres internationales de pharmacie d'Alger, organisées hier, il a été soulevé plusieurs contraintes liées au secteur du médicament. Les industriels sont ainsi confrontés à des problèmes ayant trait à la difficulté de rentabilité, l'orientation de l'investissement, la flexibilité de l'outil, la disponibilité du personnel qui représente plus de 50% de tous ces écueils. L'accès à l'enregistrement par les investisseurs locaux et la concrétisation d'alliances stratégiques sont les autres problématiques auxquelles font face les opérateurs. Un des intervenants lors de cette rencontre a soulevé également la cohabitation jugée inappropriée entre l'agence du médicament régie par un texte de loi et l'environnement institutionnel. En termes plus clairs, comment organiser le fonctionnement de cette agence, alors que les structures décentralisées telles que le laboratoire national de contrôle… sont toujours maintenues en place. Il risque d'y avoir de ce fait un chevauchement de prérogatives avec tout ce que cela peut engendrer comme conséquences négatives. Abordant la politique du médicament prônée par le gouvernement, un représentant de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop) a mis l'accent sur la nécessité d'identifier de manière plus claire les besoins et d'arrêter un plan de production qui prendra en compte la garantie d'un stock de sécurité de 3 mois. L'autre aspect traité concerne le remboursement du médicament et les dépenses de santé des caisses de la Sécurité sociale. Selon le directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail, M. BourkaIb, il est recensé quelque 8 millions d'assurés sociaux auxquels s'ajoutent les ayants droit. En 2008, les dépenses de santé ont atteint 155 milliards de dinars. De cette enveloppe, 38 milliards sont dépensés, affirmera-t-il, pour les soins hospitaliers et 77 milliards de dinars pour le remboursement du médicament. Le produit pharmaceutique représente, faut-il le préciser, 50% des dépenses totales de santé de la Sécurité sociale en 2008. Durant la même année, il a été enregistré quelque 1 199 DCI (formes et dosages) soit 3 200 marques remboursables pour les assurés sociaux. Le fait d'établir le tarif de référence pour le remboursement a donné lieu à une baisse des prix de plus de 40 médicaments dont une grande partie est contre les maladies chroniques. Autrement dit, ces prix se sont alignés sur le tarif de référence. Sur un autre registre, le système du tiers payant a ciblé plus de 2 millions de bénéficiaires. Le ministère du Travail s'est lancé dans un projet de réformes de la Sécurité sociale. Il vise à améliorer la qualité des prestations, poursuivre la démarche de modernisation et assurer l'équilibre financier des organes de la Sécurité sociale. À cela, il y a lieu d'ajouter le conventionnement établi avec le transport sanitaire, les cliniques privées et les prescripteurs-médecins. À ce propos, à Annaba, plus de 100 médecins sont déjà conventionnés. Cette opération sera élargie vers au moins 15 wilayas durant l'année en cours. Invité pour donner l'exemple de réussite de la production nationale, le représentant du groupe Saidal a rappelé que l'entreprise détient 40% de parts de marché avec un chiffre d'affaires (CA) en volume avoisinant 10 milliards de dinars en 2008. L'ambition du groupe est d'atteindre 13 milliards de dinars de CA en 2009.