Grand journal à petits moyens, El Qods El Arabi emploie un petit groupe de journalistes, environ une dizaine, dans ses locaux de Londres, dont un Algérien, Rachid Rebahi, qui anime une page réservée à l'actualité du Maghreb arabe. “Notre équipe se compose surtout de correspondants collaborateurs, répartis à travers le monde”, explique Abdelbari Ettouane, un des fondateurs de la publication et rédacteur en chef. Selon lui, le journal, criblé de dettes, paie très cher sa liberté de ton et son indépendance vis-à-vis des régimes arabes. Alors que son concurrent, Echark El Awsat (financé par des fonds saoudiens), arbore fièrement son opulence en occupant tout un immeuble dans une artère chic au centre de Londres, El Qods El Arabi a comme siège un appartement noyé dans le quartier populaire de Hammersmith. “Chez nous, les journalistes travaillent surtout pour la défense d'idéaux”, renchérit le redacteur en chef. La promotion de la cause palestinienne est la principale raison ayant conduit à la création du quotidien en 1989 par la diaspora de ce pays. “Le journal a élu domicile à Londres car aucun Etat arabe n'a voulu l'accueillir sur son territoire. El Qods El Arabi est un exemple de la presse d'émigration”, relate M. Ettouane, qui indique, par ailleurs, qu'en raison de sa ligne éditoriale, le journal est interdit de parution dans beaucoup de pays arabes. “Les régimes ne nous aiment pas car nous ne les glorifions pas”, fait encore remarquer le rédacteur en chef. Résultat des courses, El Qods El Arabi ne reçoit guère de subsides de pays qui, comme l'Arabie Saoudite, sont toujours prompts à financer des médias partisans. Pour réduire les frais d'imprimerie et de distribution, les responsables d'El Qods El Arabi entendent améliorer la position du journal sur le Net avec, cependant, le risque de réduire son audience, au moment où les chaînes satellitaires du Golfe inondent les foyers.