Ces dernières années dans la capitale de l'Ouest, les journaux ont poussé comme des champignons. Le dernier est né en mars dernier. Un séjour récent à Oran nous permet de faire une revue de presse. Oran entretient une vieille et ancienne histoire avec la presse. Dans les archives d'El Djoumhouria, on conserve encore précieusement le premier exemplaire de l'Echo d'Oran qui date d'Octobre 1844. Ce n'était que quatre feuilles pleines surtout d'annonces et d'avis. Il paraissait alors les quatre samedis du mois. Dans les années 30, existaient aussi des titres comme Oran républicain, Oran Matin et le petit Oranais. Si les deux derniers étaient de droite, le premier sera le modèle que calqueront les fondateurs d'Alger Républicain dont le premier numéro sort le 6 Octobre 1938. Cet héritage n'est pas parti en fumée. Aujourd'hui, les kiosques oranais étalent chaque matin plus d'une dizaine de quotidiens dont la vocation régionale est fortement affirmée. Dans «le Patriote», fondé par Abdelmalek Ouasti ou El Balagh, les informations locales font souvent sinon toujours la une. Le quotidien «El Djoumhouria» né en 1963 et arabisé en 1975 produisit des grandes plumes qui ont fait l'histoire de la presse algérienne (Rezzoug, Djemai, Maachou Blidi, Adjal, …) n'est plus seul sur la scène. L'information de proximité n'est plus son apanage. En arabe et en Français, les titres qui relatent ce qui se passe et se déroulent dans les villages et villes de l'Oranie pullulent. Tout avait commencé avec Ouest Tribune fondée par Abdelkader Bensahnoun le 17 Octobre 1992. L'homme qui à l'origine gérait et dirigeait un réseau de distribution de presse s'était, après une altercation avec un éditeur privé décidé de se lancer et relever un défi. «Je ferai aussi un journal » aurait-il lancé à sa figure par bravade. Aujourd'hui, le journal existe aussi en langue arabe. C'est d'ailleurs une spécificité oranaise. La plupart des titres existent dans les deux langues même si les rédactions sont étanches. Elles ont beau être dirigées par les mêmes responsables, les titres n'arborent pas les mêmes manchettes. Le 7 Avril dernier alors que Minbar El Gharb annonçait que les banques commenceront à octroyer les crédits immobiliers à taux bonifié, Ouest Tribune affirme que «Les banques n'ont reçu aucune directive». «C'est un fait que la génération montante lit davantage en arabe» nous confie Omar Ouasti qui dirige le patriote qui marche mieux dans sa version en langue nationale. Reste que le titre qui se classe en première position est le Quotidien d'Oran qui, s'il reste ancré dans la région ouest, a des ambitions nationales. Son contenu est un savant mélange d'actualité locale et d'événements nationaux. C'est ce journal qui a révélé aussi le talent de Kamel Daoud. Beaucoup de lecteurs nous avoué qu'ils achètent le Quotidien pour le ton acerbe de sa chronique « Raina Raykoum ». Il attire aussi les intellectuels qui confient leurs réflexions au seul journal qui est dirigé par un ex-journaliste de la République, M Benabbou. Si la presse oranaise se distingue par sa diversité en matière de titres, le contenu laisse beaucoup à désirer. Certes, outre le Quotidien, la Voix de l'Oranie et l'Echo d'Oran qui tirent entre 12 000 et 14 000 exemplaires arrivent à refléter l'actualité qu'elle soit sociale ou sportive de la région. Le réseau des correspondants est plus étoffé. Mais les rubriques sont identiques avec un recours abusif à Internet et à l'APS. Les rubriques pour femmes et la culturelle relèvent trop souvent du remplissage. Au lieu de valoriser le patrimoine local, les talents de la région, de couvrir les spectacles et les activités du cru, on fait état d'expositions qui se déroulent dans les salles d'exposition d'Alger ou le journal n'est pas distribué. On aboutit même à cette incongruité de constater qu'une même signature apparait au bas d'un édito et d'une brève dépêche « bâtonnée». On relève aussi que les pages traitant de la religion ne paraissent qu'en Arabe. Il n'existe pas enfin comme du temps de Détectives spécialisé dans les faits divers et qui a depuis disparu. Seul Ouest Tribune a consenti à lancer un journal sportif. Comme partout ailleurs, le sport qui s'octroie beaucoup d'espace attire plus que tout. Le Financier se veut publication économique sans en avoir visiblement les moyens humains.