Tout porte à croire que les deux visites s'inscrivent dans la même logique : solliciter l'expertise algérienne et Alger pour un rôle plus actif pour résoudre le problème. Dans un communiqué du groupe terroriste diffusé jeudi, le gouvernement britannique est mis devant sa responsabilité quant au sort du ressortissant enlevé au début de l'année s'il ne répond pas favorablement à ses exigences pour sa libération : 10 millions de dollars et la libération de l'islamiste jordanien en instance de jugement après son recours, mis en résidence surveillée à Londres. Les autorités britanniques ont devant elles quinze jours pour répondre au GSPC qui avait récemment revu à la baisse ses conditions en levant celle de la libération d'Abu Qutada El-Falastini ; stratégie souvent adoptée par les groupes terroristes islamistes qui mettent la barre haut avant de reculer pour s'en tenir, dans la majorité des cas, à des rançons. Sur le plan diplomatique, les pourparlers, par le biais d'émissaires, n'ont pas cessé comme le prouve la demande des autorités britanniques de temporiser l'opération militaire au nord du Mali où serait localisé le groupe d'Abou Zeid, auteur de l'enlèvement du touriste britannique et d'un Suisse, sous prétexte que les négociations avec les preneurs d'otages devraient vite aboutir à la libération des deux ressortissants européens. Les choses semblent s'être déroulées autrement puisque le groupe terroriste est non seulement revenu à ses premières conditions, mais a posé un ultimatum dont l'expiration mettrait à exécution la menace de liquider l'otage qui est, contrairement aux autres (Canadien fonctionnaire onusien…), d'une grande valeur symbolique étant donné la place du Royaume-Uni dans la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme international. L'option britannique certainement soutenue par le gouvernement malien joue sur deux registres, dans l'inconfortable position de partisan d'une offensive dans le Sahel pour anéantir les terroristes avec le soutien logistique de l'Algérie sollicitée à cet effet, et d'un médiateur déguisé entre la Grande-Bretagne et le groupe d'Abou Zeid quand bien même le président malien s'est défendu de jouer ce rôle. Entreprises au moment de passer à l'offensive, les négociations semblent restées au point mort si l'on prend en compte la surenchère du groupe terroriste et les deux visites curieusement simultanées du prince Andrew et de Seïf El-Islam Al-Kadhafi à Alger. Exclus les dossiers intimes à Alger et Tripoli, la visite du président de la Fondation Al-Kadhafi, une ONG qui a toujours joué le rôle d'intermédiaire entre les terroristes preneurs d'otages et les gouvernements, s'inscrit dans cette logique de négociation. La Libye est également très active dans la région du Sahel où elle a mis sous sa coupe, à coup de millions de dollars, une partie de la rébellion malienne. La fondation, pour rappel, a activement participé dans les négociations pour la libération des otages autrichiens et l'extradition de Abderezak El-Para détenu par le MJD au nord du Niger vers Alger. L'arrivée du fils du leader libyen est de ce fait une surprise d'autant plus qu'elle n'a aucun but officiellement avoué. La Libye serait intéressée par un tel contrat, d'autant plus que cette intrigante visite intervient la même semaine que celle du prince Andrew, chargé officiellement d'inaugurer le nouveau siège de l'ambassade du Royaume-Uni à Alger. Tout porte à croire que les deux visites s'inscrivent dans la même logique : solliciter l'expertise algérienne et Alger pour un rôle plus actif pour résoudre le problème. Mais le facteur temps n'est pas favorable surtout que le Gspc a insisté dans son communiqué sur “la dernière chance” de libérer l'otage. Et c'est pressées par le temps que les autorités britanniques, vraisemblablement échaudées par les précédentes tentatives et négociations à Londres et à Bamako, se sont résignées à l'option Alger et Tripoli dans l'espoir de dénouer cette affaire. Une semaine décisive donc où le sort de l'otage se joue sur le fil du rasoir.