En dépit des pressions exercées sur elles par la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, Pyongyang a effectué, hier, “avec succès” un nouvel essai nucléaire, provoquant une levée de boucliers dans les capitales occidentales, ainsi qu'à Tokyo et Séoul. Menaçant de recourir à des représailles, à savoir un nouvel essai nucléaire, à la suite de sa condamnation en avril dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU, la Corée du Nord est passée, hier, à l'acte en annonçant par le biais de l'agence de presse officielle du régime KCNA qu'elle “a procédé avec succès à un nouvel essai nucléaire souterrain le 25 mai dans le cadre de ses mesures destinées à renforcer ses capacités de dissuasion nucléaire (...)”. Ce nouvel essai était plus puissant que celui du 9 octobre 2006, qui avait provoqué une crise internationale, a indiqué cette source. Il était également accompagné d'un essai de missile à courte portée qui aurait également été mené depuis le site de lancement de Musudan-ri, selon l'agence sud-coréenne Yonhap. Ce nouveau test nucléaire est perçu par les capitales occidentales, et Tokyo et Séoul comme un défi à la communauté internationale qui tente depuis six ans de convaincre le Nord de renoncer à ses ambitions atomiques contre une importante aide énergétique. D'ailleurs, dès que l'information a été rendue publique, le président américain Barack Obama a aussitôt condamné l'opération en déclarant : “Les tentatives de la Corée du Nord de développer des armes nucléaires, ainsi que son programme de missile balistique, représentent une menace pour la paix et la sécurité internationales.” Le gouvernement japonais a réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour sanctionner la Corée du Nord. La virulence de la protestation japonaise s'explique par le fait que l'essai nucléaire de la Corée du Nord était apparemment quatre fois plus puissant que celui de 2006, à en croire l'Agence météorologique japonaise chargée également d'enregistrer les séismes. Un de ses responsable, Yasuo Sekita, a affirmé : “L'activité sismique détectée aujourd'hui avait une magnitude de 5,3 alors que le précédent essai était de 4,9.” De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Hirofumi Nakasone, qui se trouvait à Hanoï où il a rencontré son homologue sud-coréen Yu Myung-Hwan a affirmé : “C'est un acte intolérable.” Suite à la requête nipponne, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à partir de 16h, heure de New York (20H00 GMT), pour traiter de la question, d'après le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov cité par les agences russes depuis Beyrouth. Dans le même ordre d'idées, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit “profondément inquiet” de l'essai nucléaire nord-coréen et a indiqué suivre de près la situation, lundi lors d'une visite au Danemark. Quant au chef de la diplomatie en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a qualifié l'essai nucléaire d'“acte irresponsable” méritant “une réaction ferme de la communauté internationale”, alors que le Premier ministre britannique Gordon Brown estimait que l'initiative nord-coréenne était “erronée, malencontreuse” et représentait “un danger pour le monde”. Le gouvernement français, par la voix de son porte-parole Luc Chatel, a réclamé au Conseil de sécurité de l'ONU “les sanctions les plus fermes vis-à-vis de la Corée du Nord”. Moins alarmistes, la Russie et la Chine ont réagi modérément. Moscou, soucieuse de préserver de bonnes relations avec Pyongyang, s'est dite “inquiète”, mais a appelé à “ne pas céder à l'hystérie”, tandis que Pékin, n'avait en revanche toujours pas réagi plusieurs heures après l'essai nucléaire. Ignorant superbement cette vague de protestations, Pyongyang a également tiré trois missiles courte portée, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Selon la même source, la Corée du Nord a procédé à un tir de missile sol-air d'une portée de 130 km tiré depuis Musudan-ri avant d'effectuer deux tirs de missile courte portée. Musudan-ri est un site de missile situé sur la côte nord-est de la Corée du Nord d'où une fusée longue portée, utilisant comme lanceur un missile Taepodong-2, avait été lancée le 5 avril.