Tombée dans un coma profond long de 12 ans, la Conférence du désarmement de l'ONU renaît de ses cendres en adoptant, à l'issue de sa réunion tenue à Genève du 18 au 29 mai, sous la présidence de l'Algérie, un programme de travail que l'ambassadeur d'Algérie en Suisse, M. Driss Djazaïri, a qualifié de “résultat fantastique”. “L'Algérie se félicite de cette décision qui va permettre à la Conférence du désarmement dont les travaux sont à l'arrêt depuis 1996, en raison de l'absence de consensus entre ses 65 membres, de reprendre ses activités visant à négocier des instruments et des traités internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération”, indique un communiqué rendu public le 30 mai par les services du ministère des Affaires étrangères. Ce programme de travail portera sur plusieurs points : le désarmement nucléaire, un traité sur l'interdiction de la production des matières fissiles pour la fabrication des armes nucléaires (FMCT), l'arrêt de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique (Paros), les garanties de sécurité négative (non-recours par les puissances nucléaires de l'arme nucléaire contre des pays non nucléaires. Tout en soulignant que l'adoption d'un tel programme permettra à l'instance onusienne de “renouer avec son mandat et sa raison d'être en tant qu'instance multilatérale de négociations en matière de désarmement”, le département de Mourad Medelci affirme que l'Algérie a “grandement contribué à ce succès puisque c'est durant sa présidence de la Conférence du désarment que cette décision est intervenue”. En effet, lors de sa présidence de la Conférence du 16 au 27 mars et du 18 au 29 mai 2009, l'Algérie a lancé une initiative qui a pour objectif de réanimer les travaux de cette instance. Mais il faut dire que la proposition algérienne a bénéficié de l'appui des présidents du Viêt-nam, du Zimbabwe, de l'Argentine, de l'Australie et de l'Autriche. “Ce succès a été le fruit d'une étroite coordination avec les autres présidents de la Conférence du désarment qui se sont pleinement engagés dans le processus de consultations avec l'ensemble des Etats membres pour faire aboutir cette initiative”, ont reconnu les rédacteurs du communiqué. C'est le 19 mai, lors d'une cérémonie officielle qui a vu la participation de M. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU et de Mme Micheline Calmy Rey, ministre des Affaires étrangères de la Confédération helvétique, et M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, que la proposition algérienne sur un programme de travail a été officiellement présentée. “L'adoption d'un programme de travail par la CD a été saluée par l'ensemble de la communauté internationale comme un tournant historique en faveur de la paix”, mentionne le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Et d'ajouter : “Le secrétaire général des Nations unies a indiqué, pour sa part, qu'il se réjouissait que les Etats membres aient réussi à surmonter l'impasse dans laquelle se trouvait la conférence et à permettre à cette instance de remplir son mandat.” Le ministère des Affaires étrangères a aussi reconnu que “cette avancée a été favorisée par les prises de position récentes de dirigeants de grandes puissances nucléaires dans un sens favorable à la restauration des idéaux de paix et de sécurité dans le monde”.