L'incrédulité sonnait aussi bien dans la voix de l'importateur algérien que dans celle de son avocat lorsqu'ils relateront leur affaire. Une affaire qui commence en novembre 2008, lorsque le gérant d'une société privée algérienne, B. Samir, livre pour près de 13,5 millions de dinars, du rond à béton pour Belgi, une société turque de construction détentrice du projet de réalisation de 1 000 logements pour le compte de l'Office de promotion et de gestion Immobilières de Saïda. “On nous a remis des chèques qui, une fois déposés au niveau de la banque, se sont avérés sans provision”, nous dira B. Samir. Après de multiples et vaines tentatives de recouvrer leur dû auprès de la société turque, l'affaire n° 771 /2009, numéro volume 4433/2009, est portée devant la session criminelle du tribunal de Chéraga qui la jugera et condamnera, le 11 avril dernier, le gérant de Belgi, K. Omer à trois ans de prison ferme par contumace et à verser une amende conséquente. Cependant, et alors que la partie civile s'attendait à la diffusion d'un mandat d'arrêt comme cela est stipulé dans la loi, quelle ne fut leur surprise d'apprendre que K. Omer, fils d'un ministre turc en exercice et qui avait même été délégué par son pays comme suppléant lors de la session ordinaire de l'Assemblée parlementaire européenne en 1998, avait tout simplement quitté le territoire algérien par la grande porte. Il prendra un vol régulier de la Turkish Airlines en direction de la Turquie sans qu'il ne soit inquiété à l'aéroport. La raison est que depuis sa condamnation par le tribunal de Chéraga, et jusqu'au 15 mai dernier, ni le jugement n'a été préparé ni le mandat d'arrêt diffusé. “Le mandat d'arrêt est, en justice, une action très urgente qui ne doit pas dépasser les 48 heures pour sa diffusion aux différents services de sécurité”, nous expliquera l'avocat de B. Samir. “Malgré toutes les assurances qui nous ont été données pour que pareille mésaventure ne se reproduise, il est parti comme ça simplement sans que personne ne l'inquiète”, ajoutera, amer et désappointé, le gérant de l'entreprise algérienne. “Je me demande ce que cache toute cette affaire ?”, s'interrogera-t-il avant d'exiger que toute la lumière soit faite autour de ce dossier. Rappelons que l'entreprise turque avait été également poursuivie en justice par les OPGI de Skikda et Saïda, qui se sont portées partie civile avec des pertes estimées à quelque 40 milliards de dinars mais que K. Omer a été laissé en liberté pour vice de forme. Il est à rappeler également que Belgi est confrontée à des problèmes financiers, selon des travailleurs algériens qui ont observé un sit-in, début d'avril pour réclamer leurs salaires impayés depuis trois mois. Même des travailleurs turcs, qui venaient juste de débarquer en Algérie ont, eux aussi, refusé de travailler à Saïda et demander à retourner chez eux après avoir au préalable observé un sit-in devant le siège de la wilaya. SAID OUSSAD