L'innovation de la 42e Foire internationale d'Alger est la tenue du Salon algérien de l'export pour les entreprises hors hydrocarbures. Pour une fois ce secteur, très marginal en Algérie, qui ne représente que 2% des exportations est mis en avant. Des entreprises dans l'agroalimentaire, les prestations de service, l'artisanat, le transport et tous les autres secteurs sont représentés. En tout, ce sont 63 exposants. Le but est de valoriser ce secteur et l'aider à trouver des clients étrangers en vue de l'exportation de leurs produits. Au programme, rencontres, échanges par le B et B et séminaire thématique. Lors de son inauguration, le ministre du Commerce, Djaâboub El-Hachemi, s'est félicité de la tenue de ce tout nouveau salon en déclarant que “la promotion des exportations hors hydrocarbures s'est accompagnée de la mise en œuvre de mesures incitatives et de facilitations pour encourager cette activité économique”. C'est dans ce but qu'au cours du salon et ce, pendant les deux premiers jours, des rencontres d'affaires appelées “buisness to buisnness” ont été organisées. Le concept est très simple : pendant 15 minutes, un exposant et son client potentiel se rencontrent. Les rendez-vous sont programmés à l'avance par un logiciel pour classer et aussi à la demande de l'un ou de l'autre. 376 professionnels ont été inscrits à ces rencontres dont 112 étrangers. Exportateurs comme investisseurs étrangers se félicitent de cette initiative souvent réalisée dans les autres foires internationales. C'est un moyen facile d'établir le contact tout en allant vite. Les exportateurs présents à la recherche de clients à l'étranger sont très demandeurs. À l'heure actuelle, il est très difficile pour eux de trouver un client. Chaque secteur a ses propres difficultés. Pour les dattes, les prix sont instables. Entre 2008 et 2009, le prix au kilo est passé de 40 dinars à 90. “Comment voulez-vous que l'on soit compétitif par rapport aux Tunisiens, nos concurrents directs, quand chez eux le prix ne change pas. Une augmentation de 2 à 3%, je peux comprendre mais de 110, ce n'est pas possible pour nous. Cette année, nous n'avons pas de clients alors que nous innovons une nouvelle gamme et que nous sommes aux normes. Nous sommes obligés de licencier notre personnel. J'attends beaucoup de ce salon pour trouver un client”, s'exclame cette manageuse dans une société de datte à Constantine. Même difficulté pour l'entreprise d'aluminium Algal +. Son président, Farik Dekar, qui veut exporter vers l'Europe, dénonce les lourdeurs administratives. Autre domaine, les pierres, Saïd Bencherif, consultant pour les entreprises de marbre BTL et Promaisse Carrière, regrette le non-soutien du gouvernement. “Depuis l'ouverture, nous n'avons vu que le ministre du Commerce. Normalement, nous aurions dû voir l'ensemble des ministres ou leur directeur pour un point de rencontre et d'échanges sur nos difficultés. Nous n'avons même pas un soutien moral alors que nous investissons de l'argent”. Les entreprises demandent des conseils Pour d'autres, le 1er salon demeure l'occasion de trouver de nouveaux clients comme le consortium algérien et français. Organisé sous forme de coopératives, il rassemble une quinzaine d'entreprises algériennes dans le domaine de l'agroalimentaire et autant d'entreprises françaises. Depuis un an, ils ont réussi à exporter une vingtaine de produits. “Nous cherchons à améliorer la qualité. Pendant ce salon, nous allons voir des fournisseurs pour nous faire connaître mais aussi des clients. C'est en coopérant toutes les entreprises que nous serons plus forts pour l'exportation”, explique Abdelkrim Sakhraoui, P-DG de la société de Trading et d'Investissement, un des investigateurs du projet. Un des secteurs qui semble marcher dans l'exportation hors hydrocarbures, les cabinets d'expertise. Lotfi Halfaui, du cabinet du même nom, travaille avec des grandes entreprises européennes comme EADS pour les conseils et l'expertise. L'un des avantages sur ce secteur par rapport aux autres demeure que les pays voisins comme la Tunisie ou le Maroc ne se sont pas développés et l'Algérie a de l'avance. Pour lui, le grand fléau des entreprises algériennes qui souhaitent exporter est lié aux problèmes qui ne se spécialisent pas sur un marché comme européen, arabe ou asiatique mais veulent tout simplement exporter alors que les demandes ne sont pas les mêmes suivant les endroits géographiques. Le deuxième, le problème des normes et de la certification. Dans ce deuxième cas, les entreprises algériennes font des efforts. Chakib Ismaïl Koudri, manager de la société de conseil Word Trade Center Algeria, note que les entreprises algériennes s'inscrivent à leur programme pour entrer dans les normes internationales. “Tout le monde a pris conscience de l'importance de la certification dans l'exportation hors hydrocarbures. Cependant, les sociétés privées attendent beaucoup trop de l'aide de l'Etat et ce dernier manque d'imagination constructive pour aider ce secteur. Il y a un manque de confiance réciproque”, insiste-t-il. Le premier salon se clôturera mercredi soir avec le trophée du meilleur exportateur hors hydrocarbures.