Quarante-sept œuvres de l'artiste peintre Mustapha Nedjai ornent actuellement les murs de la galerie Racim, dans le cadre de sa nouvelle exposition intitulée “Coups de barres”, qui développe une réflexion assez pessimiste sur l'homme et le monde d'aujourd'hui. Ballottant entre l'abstrait et le semi-abstrait, Mustapha Nedjai questionne la toile et le pinceau pour explorer l'actuel de l'homme. En effet, l'homme d'aujourd'hui a construit un monde qui ne le représente pas et/ou plus, car lorsqu'on pose un regard sur la société moderne, on se rend compte que l'homme n'a fait que se barricader, s'enfermant ainsi derrière des murs, des barrières et des frontières. Et si ces interdits disparaissaient, d'autant que l'art ne s'embarrasse pas des interdits de la frontière ? C'est certainement ce questionnement qui a donné naissance et vie à “Coups de barres” de Mustapha Nedjai. En effet, à travers ses quarante-sept œuvres, il peint le conformisme, la dépendance, l'aliénation, le cloisonnement et la détresse de l'homme, dans le contexte actuel. De plus, Mustapha Nedjai ose des couleurs représentatives du chaos de l'humanité, notamment la forte présence du noir et du rouge : la première représente le deuil et la seconde la passion. Et si la passion était en deuil ? D'autant que l'évolution a atteint l'âge de fer et que l'homme, dans un conformisme alarmant, ne fait que suivre la cadence. Les visages peints par l'artiste sont tantôt usés, ravagés et résignés ; et parfois, Mustapha Nedjai ne dessine que des formes pour préserver une sorte d'anonymat, qui impliquerait toute la société et tous les êtres sans exception. Un tableau du nom de Don Quichotte résumerait toute la tragédie de l'homme d'aujourd'hui. Don Quichotte, le héros de Cervantès qui s'est battu contre une armée en bois, ressemble fâcheusement et farouchement à l'homme d'aujourd'hui qui a créé un monde dans lequel il n'a plus ni place ni droit de cité. D'autre part, les dessins et toiles portent des titres originaux et parfois assez audacieux, dans le sens où le peintre pose un regard assez pessimiste et blasé, voire même catastrophique, sur les situations et sur le monde. Citons entre autres Face au mur, Distorsion, code barques ou encore Symphonie des pinces. D'autres œuvres ne portent pas de titres et restent ainsi anonymes et mystérieuses. Et puis, il y a le titre de cette exposition — qui d'ailleurs se poursuivra jusqu'au 11 juin prochain— Coups de barres, qui implique également une sorte de démission, de ras-le-bol, d'écoeurement et de dégoût : démissionnaire de la vie, ras-le-bol de l'immobilisme, écoeurement de la résignation et dégoût du devenir du monde. Avec Coups de barres, Mustapha Nedjai expose les malheurs et les déboires de l'homme, sans proposer de remèdes ou de solutions. Il emmène le visiteur de son exposition vers le chemin sinueux de l'élucidation par le biais des sentiers courbés de la création et des méandres de la couleur. À voir impérativement !