Quelle prise en charge peut-on accorder à ces malades mentaux pour les insérer de nouveau dans la société et du coup diminuer leur nombre qui ne fait que s'accroître, s'interrogent des intervenants qui ont pris part à une rencontre internationale sur le phénomène. Sous le thème “Les malades mentaux errants : trouble à l'ordre publics”, l'hôpital psychiatrique Frantz-Fanon a organisé les 10 et11 juin une rencontre internationale sur le phénomène des malades mentaux errants qui depuis la décennie de violence qu'a connue notre pays leur nombre ne cesse d'augmenter. Durant ses deux journées scientifiques, les intervenants, qui n'ont pas donné un chiffre exact sur le nombre des personnes touchées par cette pathologie, tirent comme même la sonnette d'alarme pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la saturation que connaissent les asiles psychiatriques. En effet, tous les intervenants ont mis l'accent sur l'errance des malades mentaux. Pour la majorité des participants, les profondes mutations économiques, politiques et sociales ainsi qu'un important exode vers les cités urbaines sont les principaux facteurs qui non seulement ont précipité la déstructuration familiale mais ont contribué énormément à l'accélération de cette errance qui gagne chaque jour du terrain dans nos rues. Quelle prise en charge peut-on accorder à ces malades mentaux pour les insérer de nouveau dans la société et du coup diminuer leur nombre qui ne fait que s'accroître, s'interrogent des intervenants qui évoquent plusieurs contraintes qui entravent la réussite de cette mission qui semble impossible devant l'absence de moyens matériels et humains. À ce sujet, M. Sayah, PDG de l'Office national de lutte contre la toxicomanie, explique que le nombre de psychiatres et psychologues algérien ne dépasse pas le nombre qui exerce à Paris et ses environs. Et si certains intervenants ont fait remarquer l'absence des procédures standards de soins, la réduction massive de lits d'hospitalisation, l'accueil en priorité aux urgences, les difficultés d'accès aux soins des patients en situation de précarité ainsi que le nombre restreint des structures d'accueil. D'autres ont par contre évoqué les séjours hospitaliers qui se raccourcissent davantage, les possibilités d'insertion souvent compromises, les périodes de rémission sont de plus en plus courtes, alors qu'un grand nombre de malades sorte rapidement après leur admission et retourne à l'hôpital peu après leur sortie. “C'est le phénomène de la porte tournante”, fait-on remarquer. Selon les scientifiques, la majorité des malades mentaux sont peu gratifiants et semblent échapper à toute tentative de traitement. Ils sont assez mal vécus par les services et souvent rejetés. Ils alternent les hospitalisations, les problèmes judiciaires, les périodes d'errance, l'usage de drogues, la mauvaise observance des traitements, la solitude et la précarité. Les participants demandent qu'il y ait une prise en charge à plusieurs niveaux en raison du nombre restreint des soignants et du manque de personnel infirmier. Il devient donc difficile de faire face au nombre croissant de patients. Le rôle de la famille est primordial pour atténuer ce phénomène. “La famille est souvent présente en phase aiguë, tous les moyens sont mis à contribution. Les thérapies magico-religieuse relaient toujours les soins en psychiatrie mais devant la chronicité des troubles et les fréquentes rechutes, on observe une démobilisation progressive de tous”, souligne le professeur Belaïd qui, selon lui, la psychose, est un véritable traumatisme familial, les relations au sein de la famille peuvent se détériorer, entraînant des troubles de la communication et des conflits. Les troubles du comportement du patient ajoutés aux troubles relationnels avec la famille risquent d'aboutir à des situations de conflit et bien sûr d'errance. Et si les participants demandent l'ouverture de nouvelles structures d'accueil, par contre l'invitée, Mme Mariela Genchi d'Italie, qui est intervenue sur le thème : “Au-delà de la contradiction entre le contrôle et l'abandon”, plaide pour leur fermeture. Selon elle, le traitement dans les asiles s'avère inefficace. “Il y a plus de trente ans qu'on a commencé à fermer les asiles psychiatrique en Italie. Ces derniers, ont les a remplacés par des services qu'on a ouverts à travers des quartiers pour permettre au praticien de suivre son patient et à ce dernier de se retrouver dans son environnement social. Mais quand un cas nécessite une hospitalisation, il est automatiquement transféré à l'hôpital dans le service spécialisé pour le traitement des malades mentaux”, conclut la spécialiste italienne.