Sitôt le calme ramené, après deux nuits de violents affrontements entre les forces de l'ordre et des jeunes du quartier de Kef Hamouda, une opération a été mise en branle, jeudi vers 12h, conjointement par le groupe d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale et les forces antiémeutes de la Sûreté nationale qui ont déployé un nombre impressionnant de ses éléments, dans le périmètre dit Echâaba. Ce bout de quartier, véritable chaudron, a vécu les plus violents incidents de ces deux journées d'émeutes et c'est précisément là que les plus graves blessés ont été recensés parmi les éléments des forces de sécurité. Rappelons qu'un officier de gendarmerie a perdu à jamais l'usage d'un œil, atteint par un bout de métal, alors que trois autres ont été brûlés à divers degrés par des cocktails Molotov projetés des terrasses. Après avoir systématiquement quadrillé et bouclé le quartier, les éléments des forces de sécurité conjointes ont commencé à investir les habitations ciblées, en déclenchant un feu nourri de grenades lacrymogènes et procéder à des arrestations. L'opération s'est déroulée jusqu'à 17h. Après 5 heures d'investigations et de recherches maison par maison, 52 individus ont été appréhendés et arrêtés. Ils seront présentés aujourd'hui devant le procureur de la République de Berriane. Ils sont accusés de coups et blessures volontaires, détention d'armes blanches, attroupement armé et tentative de fermeture de la voie publique. Des dizaines de cocktails Molotov et des seaux pleins de bouts de métal, provenant de fer rond découpé en petits bouts, prêts à l'emploi, ont été découverts dans certaines maisons, et ce, en sus des barres de fer, des parpaings et amas de pierres amassés sur les terrasses. “C'est la preuve incontestable que ces incidents sont préparés, planifiés et prémédités”, nous déclare un officier de la gendarmerie. Et d'ajouter : “Quand on aspire à vivre en paix, on ne constitue pas un stock de munitions chez soi.” Cette opération a, semble-t-il, apporté ses fruits et a été accueillie avec soulagement par la population qui rejette la violence et souhaite vivre en paix. “Nous sommes fatigués de cette violence qui n'apportera rien de bien à la population et à la ville de Berriane”, affirme Brahim B., sexagénaire et cadre supérieur dans une grande entreprise nationale. “Il est impératif que la violence sous toutes ses formes cesse, pour que la région puisse se développer et apporter une plus-value à la population.” Il dira aussi que “Berriane est devenue effrayante aux éventuels investisseurs, même ceux qui étaient implantés ici depuis plusieurs décennies ont commencé à délocaliser vers des régions plus clémentes. Chaque cycle de violence emportera avec lui son lot d'industriels. La zone industrielle de Berriane, qui était connue et célèbre pour le dynamisme de ses activités, est en train de mourir, étranglée par les mains de ses propres enfants.” Reprenant son souffle, il assénera que “l'Etat doit aussi prendre ses responsabilités. Il a l'obligation de démasquer les coupables de cette tragédie et de les punir. Il faut que justice se fasse.”