Un organisme d'autorégulation pour la publicité afin d'assainir la profession demeure indispensable. En France, elle existe sous le nom de l'ARPP. En Algérie, le secteur de la publicité est très peu contrôlé. Au cours des 3es Jorurnées euro-maghrébines de la communication publicitaire mettre en place un dispositif autorégulation a été le sujet redondant. Il revenait pratiquement à chaque thématique. Les représentants du ministère du Commerce présents lors de cette 3e édition estiment que c'est aux professionnels de la publicité de créer cet organisme. En France, une structure initiée par tout le secteur de la publicité existe. Connue sous le nom de BVP, depuis 2008, elle se nomme Autorité de régulation professionnelle, ARPP. Elle consiste à décider les règles déontologiques auxquelles se soumet volontairement le monde de la publicité pour éviter que les pouvoirs publics adoptent des lois qui pourraient restreindre les leurs et permet de dicter la bonne conduite à suivre. Près de 600 organismes sont adhérents de l'ARPP. Parmi les 1 000 entreprises, elle rassemble les trois grandes agences de publicité françaises, des annonceurs, des associations sans oublier les médias (presse écrite, radio et télévision). Chaque secteur a ses représentants qui siègent au conseil d'administration. Sur les 30 sièges, les annonceurs et les agences conseils en communication ont six sièges chacun, la presse écrite en compte cinq, les autres en ont entre un et deux. Le fait que ces professionnels dictent eux-mêmes leur ligne de conduite sans passer par le législateur donne comme résultat que ces règles sont plus respectées. Si c'était le législateur qui établissait ces règles, certains chercheraient à les détourner sans compter que le législateur n'est pas un professionnel de la publicité et pour faire une loi allant à l'encontre du secteur sur le point de la créativité. C'est l'avis de Mohamed Mansouri, juriste et conseiller au sein de l'ARPP. De même, il estime que l'ARPP permet de combler les carences des pouvoirs publics qui ne peuvent pas tout légiférer. Par exemple, il explique qu'en France, pour la publicité sur les véhicules c'est l'ensemble du secteur de l'automobile qui a décidé dans un code de la professionnalisation. Il stipule de ne plus faire d'arguments publicitaires sur la puissance et la vitesse d'une voiture. “Le constat demeure que les constructeurs automobiles respectent ce code et ce, à la grande satisfaction des pouvoirs publics et des associations.” Ces règles émises part les professionnels de la publicité leur assurent comme à ceux qui les établissent de ne pas nuire à la créativité primordiale pour le slogan ou le texte publicitaire. Une telle organisation est possible en Algérie, selon Mohamed Mansouri. Elle demeure même indispensable pour le juriste : “En premier lieu, c'est important que les interprofessionnels de la publicité d'un même secteur s'organisent en tant que syndicat pour défendre d'abord leurs propres intérêts. Ils doivent défendre leur outil fondamental de la création en fonction des règles déontologiques qu'ils ont établies.” La première étape de coordination des secteurs de la publicité n'existe pas encore en Algérie. Du coup, un organisme d'autorégulation n'est pas pour demain. “C'est un peu trop tôt. Il faut laisser l'ensemble de la profession se développer davantage. La publicité en Algérie est très jeune. En France, elle existe depuis le XIXe siècle. Je pense qu'un organisme comme l'ARPP existera un jour en Algérie. Elle se mettra en place le jour où le législateur voudra y mettre son grain de sel. À ce moment-là, ce sera l'occasion à ces professionnels de répondre qu'ils peuvent eux-mêmes établir des règles pour s'autodiscipliner. Dans le même temps, elle permettra à la publicité de s'assainir et d'éviter les dérives des petits acteurs”, explique Mohamed Mansouri. En attendant, même si lors de cette troisième session des Journées euro-maghrébines de la communication publicitaire, la mise en place d'une organisation d'autorégulation a été mainte fois mise en avant. Il semble bien que tout le secteur ne soit pas encore prêt. Rym Othmani, la responsable sur l'agence de publicité MMC DDB ne voit pas l'utilité d'un organisme comme l'ARPP : “Entre agence de publicité, les afficheurs et les autres nous n'avons pas les mêmes objectifs. La publicité en Algérie ne représente pas grand-chose par rapport aux secteurs des hydrocarbures. Par contre, je pense qu'il est indispensable que nous, agences de publicité, nous devons créer une organisation au sein du forum des chefs d'entreprise dans le but de mieux défendre nos intérêts.” Cependant, ce ne sont pas les seuls dans ce cas-là. Confédérer ensemble pour mieux savoir se défendre semble être difficile. À l'image de la presse, cette dernière dans sa relation avec la publicité utilise le slogan chacun pour sa pomme. Les journaux préfèrent s'arracher la dernière publicité de Nedjma ou Djezzy devançant leurs confrères plutôt que tenter de s'organiser pour défendre les intérêts fondamentaux. E. M.