Enregistrer et comptabiliser, la publicité mensongère en Algérie n'est pas chose facile. En Algérie, la publicité est très peu réglementée. À l'évidence, celle-ci, ne doit en aucun cas porter atteinte ni à des individus ni à l'Etat et encore moins à la religion. La publicité ne doit pas être mensongère, mais comment l'identifier là est toute la problématique. Lors des journées euromaghrébines de la communication publicitaire, le ministre du Commerce a indiqué que très peu de plaintes sont enregistrées auprès des rares associations de consommateurs qui existent. Pour eux, c'est au citoyen algérien lui-même d'aller porter plainte, s'il estime, avec preuves à l'appui, qu'une publicité est mensongère. “Cependant, en Algérie, nous n'avons pas cette culture de porter plainte ou de s'organiser”, explique le représentant du ministère du Commerce. Du coup, prouver ou faire un constat sur un problème demeure difficile. Du côté des agences de publicité comme MMC DDB, on estime que les grandes marques dont nous voyons tout le temps leur publicité ne s'amusent pas avec la publicité mensongère. Amel Souid, publicitaire, explique que “ce n'est pas dans leur intérêt de duper le consommateur. Ils tiennent à leur marque et à leurs clients”. Quand une agence réalise une publicité, avant de la publier, il faut l'accord de l'entreprise client. Les créateurs de la publicité, eux, pour ce qui est de l'alimentaire par exemple, goûtent les produits pour avoir une meilleure idée. Pour les autres produits, ils reçoivent des maquettes. Ensuite, une fois la publicité faite, un entretien entre les deux partenaires est organisé pour décider de la parution ou pas de la publicité. Sur le principe même de la création de la publicité, la législation reste floue. La grande contrainte des créateurs est de ne pas offusquer sur le plan des valeurs la société algérienne, très sensible sur certains sujets. Dans le domaine des médias dont la publicité est diffusée quotidiennement, un cadre entre les professionnels pour savoir si une publicité est mensongère n'existe pas. C'est selon l'estimation personnelle de chacun. Par exemple, à la radio, ils ont leur propre régie. Sur la publicité, soit les marques leur apportent le spot fini, soit ce dernier est conçu directement dans les studios. Seulement, 1% des publicités qu'ils reçoivent est changé. Si une publicité ne porte pas atteinte à l'être humain, ni à la religion, ni à l'Etat, elle est acceptée. Des publicités peuvent être refusées car non conformes aux langues : à la Chaîne III, il y a trop de mots en arabe et vice versa pour la Chaîne I. La mission de service public des 3 chaînes de radio s'implique également dans la publicité, elle doit pas aller en contresens du service éducatif. Dans la rue, dans les journaux, à la télévision, quand nous regardons les différentes publicités algériennes en comparaison avec les spots de télévision des chaînes françaises, nous pouvons remarquer que le copier-coller des slogans est frappant. D'un point de vue juridique, c'est légal si le produit n'existe pas en Algérie, mais sur le plan de l'éthique, c'est toute autre chose. Ces publicités utilisant le copier-coller sont à la limite de la légalité. Cependant, comme les textes sont flous et que le système d'autorégulation n'existe pas encore, le copier-coller passe. Idem pour les publicités que l'on voit sur les bus utilisant le slogan : le consommer fait diminuer le cholestérol. En France, des marques usent ce type de slogans, mais il est certifié avant par un laboratoire comme l'oblige la législation. En Algérie, ce n'est pas le cas. Par conséquent, l'entreprise ou l'agence, qui fait la publicité peut mettre ce qu'elle veut. De plus, quand elle sait pertinemment que pratiquement personne n'ira se plaindre en cas de mensonge, elle n'hésite pas à émettre tel ou tel slogan. C'est très simple, dans le domaine de la publicité, actuellement, il faut espérer que la marque et l'agence qui la réalise soient responsables et pensent avant tout aux consommateurs. Sans cette prise de conscience, tout et n'importe quoi peuvent être mis et à la fin c'est le citoyen acheteur qui trinque. Comme dernièrement, la publicité d'une marque de shampoing qui a eu pour conséquence pour les utilisateurs une perte de cheveux impressionnante. Pour une fois, la marque en question a été condamnée.