Pour le premier responsable du secteur, ce produit est disponible. “Nous n'avons pas de problème de production de ciment”. C'est du moins ce qu'a indiqué, hier, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements lors d'une rencontre avec la presse en marge de la visite effectuée à la cimenterie de Meftah (Blida). Interrogé sur la tension qui sévit actuellement sur ce produit, M. Hamid Temmar a affirmé que “la production du ciment couvre totalement les projets du programme présidentiel, actuels et futurs”. Le ministre accuse les spéculateurs. “La tâche du ministère de l'Industrie s'arrête au moment où nous livrons le ciment au marché. Le reste c'est un problème qui concerne le marché”, explique M. Hamid Temmar, rappelant, dans la foulée, les mesures prises par le gouvernement en matière de régulation de marché, entre autres le décret fixant les marges et la décision d'importation de un million de tonnes. Le ministre de l'Industrie, qui a visité les installations de la cimenterie de Meftah, dont 35% du capital ont été rachetés par le groupe Lafarge, semble satisfait des investissements de mise à niveau de l'entreprise mis en place par le cimentier français. “En matière de productivité, les choses se sont améliorées. Mais elle est limitée parce que la productivité est liée aux équipements eux-mêmes. Plus les équipements sont sophistiqués, plus la productivité s'élève”, affirme le ministre. Le dilemme, c'est que plus les équipements sont sophistiqués plus d'employés seront mis en chômage “pour arriver à des normes internationales”. “Il est clair que nous devons absolument préserver les emplois de nos travailleurs, sauf si demain la compétition internationale est tellement importante que nous serons obligés de nous adapter. Mais pour l'instant, rien ne permet de penser qu'on est obligé d'aller vers ça”, rassure le ministre, qui annonce par ailleurs “des ajustements” en matière d'organisation, même s'il juge “l'organisation actuelle de l'entreprise est bonne”. Le ministre estime, qu'une fois la phase de mise à niveau terminée, il faut penser à investir. “Nous avons fait un tour de table. À partir du moment où l'entreprise est rassurée en matière d'approvisionnement en matières premières, à partir du 1er trimestre 2010, nous allons commencer à mettre en place les conditions d'un investissement supplémentaire pour élargir la capacité de l'entreprise”, indique M. Hamid Temmar. Le président du directoire, la Société de gestion et de participations Industrie des ciments (SGP-GICA) explique que le contrat de management vise deux objectifs. Le premier est de porter la capacité de production de la cimenterie de Meftah, à 1,1 million de tonnes de ciment. Le deuxième objectif est l'extension de la capacité à 1,7 million de tonnes de ciment. “Actuellement, nous travaillons pour atteindre le premier objectif”, précise le président du directoire. Lafarge, qui a racheté le groupe Orascom Construction, détient actuellement une part de 28% du marché national du ciment. De son côté, le secteur public a lancé son propre programme d'extension des capacités. La stratégie du secteur public est faite en deux phases. Durant les cinq dernières années, la production du secteur public est passée de 8 millions de tonnes à 11,5 millions de tonnes, soit une progression annuelle de 8 à 9% par an. Dans la deuxième phase, le secteur public prévoit des extensions des capacités des cimenteries de Chlef, de Aïn El-Kbira et de Béni-Saf pour une capacité globale de 6 millions de tonnes. L'Algérie produit actuellement 16 millions de tonnes. Les travailleurs de la cimenterie de Meftah dans une lettre distribuée à la presse critique le partenariat avec le groupe Lafarge. Ils affirment que depuis le prise en main par le groupe français du management de l'entreprise, la production a baisé, passant de 950 000 tonnes en 2007 à 750 000 tonnes en 2008. Le ministre ne partage pas complètement les doléances des travailleurs, tout en leur assurant que leurs droits seront préservés.